lundi 17 mars 2014

En pompier pyromane, l’Etat algérien dépêche une délégation gouvernementale à Ghardaïa





En pompier pyromane, l’Etat algérien dépêche une délégation gouvernementale à Ghardaïa

17/03/2014 - 16:56


GHARDAIA (SIWEL) — Hier, dimanche 16 mars, le Premier ministre
algérien par intérim, Youcef Yousfi , accompagné du ministre de
l'Intérieur, du commandant de la gendarmerie et d'un représentant de la
sûreté, s’est rendus à Ghardaïa où il régnait un calme précaire suite de
la reprise, samedi dernier, des agressions arabes châambas contre les
berbères mozabites. Ces dernières agressions se sont soldées par 3 morts
parmi les mozabites et plus d’une centaine de blessés. Le doute
demeure encore entier sur le type d’arme arme utilisé (arme blanche ou
arme à feu) contre les 3 mozabites assassinés. D’autre part, une
nouvelle technique d’agression a fait son apparition : l’attaque à
l’acide. Cette technique était utilisée par les islamistes du FIS contre
les femmes non voilées dans les années 1990.




L'Etat algérien: le pompier pyromane (PH/DR)
L'Etat algérien: le pompier pyromane (PH/DR)
Samedi dernier les agressions châambas contre les mozabites ont
repris et trois victimes ont été dénombrées. Les circonstances de leurs
morts restent encore controversées selon deux versions contradictoires :
l’une affirmant que les trois mozabites assassinés ont été tuées à
l’arme blanche, et l’autre affirmant que les trois mozabites ont été
assassinés par balle. De plus, de nombreux témoins affirment que des
attaques à l’acide ont été perpétrées par les châambas contre les
mozabites et des médecins mozabites affirment avoir soigné plusieurs
dizaines de blessés chez eux par crainte de se rendre à l’hôpital. La
confiance des mozabites pour toutes les institutions, y compris
hospitalières, dépendant de l’Etat n’étant plus à l’ordre du jour dans
la vallée du Mzab.





C’est dans ce climat tendu où la méfiance vis-à-vis de l’Etat et
de ses diverses institutions que le Premier ministre algérien par
intérim, Youcef Yousfi, accompagné du ministre de l'Intérieur, du
commandant de la gendarmerie et d'un représentant de la sûreté, s’est
rendu ce dimanche à Ghardaïa pour « apaiser les esprits ». Ce dernier,
faisant mine d’ignorer qui sont les agresseurs et qui sont les agressés,
a demandé aux châambas et aux mozabites de « mettre de côté leurs
dissensions et à regarder vers l'avenir », ignorant totalement le fond
du problème, à savoir le parti pris flagrant des services de sécurité
algériens, l’impunité accordée aux châambas ainsi que les poursuites
judiciaires contre les victimes, comme cela se produit régulièrement
depuis au moins 2008.





D’ailleurs, certains citoyens ont confié soupçonner la délégation
gouvernementale algérienne d’avoir plutôt réagi au saccage des édifices
publics, à l’incendie du siège du FLN et à la répercussion sur les
élections présidentielles, plutôt qu’à la terreur qui sévie depuis des
mois à Ghardaïa. D’ailleurs, le matin même de cette visite, le wali
(préfet) avait refusé de recevoir un groupe de manifestants mozabites
qui exigeaient le respect de la justice et l’application de la loi.
Parmi ces manifestants, il y avait la mère de l’une des victimes
assassinée la vieille, et comme le wali refusait obstinément de les
recevoir, alors qu’il y avait eu mort d’homme, c’est finalement le
ministre algérien de l’Intérieur Tayeb Belaiz, qui les a reçu. Or, les
services de sécurité algériens, dont la franche implication dans les
agressions commises contre les mozabites a été largement démontrée,
dépendent directement du ministre de l’intérieur.





Au cours de cette visite d’Etat à Ghardaïa, le premier ministre
algérien par intérim a annoncé qu’un conseil du gouvernement se
tiendrait la semaine prochaine à Ghardaïa afin d’évoquer « les conflits
de propriété » qui opposent les mozabites et les châambas. Mais du côté
mozabite, la confiance en l’Etat algérien n’est plus de mise car depuis
l’indépendance de l’Algérie, l’Etat algérien s’est systématiquement
aligné sur les intérêts des châambas (arabes) au détriment des mozabites
(amazighs). Abdelmalek Sellal, qui était premier ministre avant de
devenir directeur de campagne de Bouteflika avait lui aussi proposé de
régler le différend de propriété dans le Mzab en redistribuant les
terrains mozabites de manière « équitable » … entre mozabites et
châambas !





Durant toute la journée du dimanche, les officiels venus d’Alger
ont enchaîné les rencontres et les réunions menées séparément avec des
membres des châambas et des mozabites mais dont on ignore encore la
représentativité car depuis le temps que les mozabites subissent les
agressions châambas sans qu’il n’y ait aucune amélioration de la
situation, les mozabites pourtant très attaché à la tradition,
contestent désormais quasi ouvertement la légitimité des notables qui
ont toujours été les interlocuteurs traditionnels de l’Etat algérien.





Toujours est-il que s’il y a bien une chose qui soit certaine,
c’est que l’Etat algérien agit en pyromane pompier. Il fomente les
agressions, les troubles et les soulèvements afin de rééquilibrer les
rapports de force en son propre sein tout en matant les populations afin
de les délester de leurs biens et de leurs droits.

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