Casablanca, le consulat algérien attaqué et son drapeau déchiré
Une petite foule de marocains scandant « drapeau in’zel » (le drapeau doit tomber), et exhibant des drapeaux marocains a attaqué ce matin le consulat algérien à Rabat. Devant l’apparente passivité de la police marocaine, qu’on sait plus vigoureuse et même violente quand il s’agit de casser du dissident marocain, qui a laissé faire.Dans cette vidéo, on voit des policiers qui ne tentent même pas de retenir le petit groupe qui est scotché aux grilles qui ceinturent l’ambassade.
Devant plusieurs policiers, un homme escalade la grille et pénètre dans l’enceinte de l’ambassade. Puis, il escalade l’un des murs de l’édifice, se dirige vers le mât où est accroché le drapeau algérien et l’arrache sous les applaudissements de la foule. « Aâcha al malik » (Vive le roi), entend-on.
La vidéo se termine sans que l’on sache ce qui s’est passé avec le drapeau et si la police a finalement arrêté le Marocain qui a violé le territoire algérien, puisque le consulat bénéficie, selon les lois internationales, de l’extraterritorialité.
Ce n’est pas la première fois que certains « milieux » de l’entourage royal (car on imagine mal que cela puisse provenir du gouvernement…), se substituent à la politique et à la diplomatie marocaines pour promouvoir une sorte de stratégie de la tension. Quand l’Espagne était dirigée par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, un politicien dont le maître mot en relations bilatérales avec le Maroc était pourtant de satisfaire la plupart des exigences marocaines, ces « milieux » ont utilisé quelques « associations » frontalières pour bloquer les postes frontières entre le Maroc et l’Espagne, s’en prendre physiquement à des policiers espagnols (qui ne sont certes pas des anges) et monter des « actions » contre les îlots et rochers occupés par l’Espagne dans le nord du Maroc.
Deux hommes étaient à l’avant-garde de ces actions. Le sénateur Yahya Yahya et son fidèle lieutenant Saïd Chramti. Pourtant depuis l’arrivée du conservateur Mariano Rajoy au gouvernement espagnol, ces deux personnalités ont disparu de la circulation du patriotisme à la commande. Alors que la situation de Sebta, Melilla et des îlots et rochers occupés par l’Espagne n’a pas changé d’un iota….
Pour l’Algérie, le récent rappel de l’ambassadeur du Maroc à Alger, tel qu’il est présenté par la diplomatie marocaine, est simplement inexplicable. Rabat argue que l’ambassadeur marocain a été rappelé pour protester contre une déclaration à Abuja, la capitale du Nigeria, « plus particulièrement, le message adressé, le 28 octobre, par le Président algérien à une réunion, à Abuja, d’une nébuleuse hostile au Maroc illustre cette volonté délibérée d’escalade et confirme cette démarche de blocage et de maintien du statu quo ».
Une explication peu convaincante. Cela fait des décennies que l’Algérie prononce des discours hostiles au Maroc (on en a entendu pire dans la bouche des ex-premiers ministres Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia), sans que cela ne provoque le rappel de l’ambassadeur marocain à Alger. Avec cette attaque lourde de sens. Les « manifestants », ou plutôt ceux qui sont derrière, n’ont pas choisi au hasard ce jour de 1er novembre pour s’en prendre au consulat, journée fériée en Algérie parce qu’elle symbolise le lancement de la guerre de libération nationale algérienne contre le colonialisme français en 1954. Un symbole qui aurait mérité plus de respect de la part de ces « milieux » occultes.
Mais voilà, comme ni le Maroc ni l’Algérie ne sont des régimes démocratiques, et qu’autant le roi Mohamed VI que le président Abdelaziz Bouteflika, régissent leurs Etats respectifs comme une boutique de famille, il est difficile de savoir ce qui se passe au sommet.
Une chose est sûre : Rabat veut dire quelque chose à Alger, mais quoi ?
Badr Soundouss