Aribi Hassan… le nom et le visage atterrissent subitement à Washington en février 2003. L’homme se présentant en tant que juriste et officier supérieur du DRS – c’est à ce titre que l’ambassadrice des USA lui avait accordé le visa à Alger – demandait à voir le ministre américain de la justice afin que ce dernier lui permette de rapatrier les détenus d’origine de Guantanamo …. Demande irrecevable à ce moment. Impliqué dans le terrorisme, comme on le verra plus loin, il parlait au nom du DRS (direction du renseignement et de la sécurité) : le premier bouclier sécuritaire du ministère de la défense et du pays. Que reste-t-il dans cette Algérie où des institutions qui doivent être préservées de toute improvisation sont transformées en un jock et mises à la disposition de quelqu’un comme Aribi Hassan. Si Brahimi, Si Ali Yahia Abdenour ou Si Ait Larbi ou, même, Si Mechri, le versatile, ne sont-t-ils pas des Algériens pour s’occuper honorablement d’une mission dans un cadre juridique ? Les choses s’envenimèrent et c’est l’affront lorsqu’ une journaliste de Harper’s Magazine du renseignement et de la loi (Intelligence and Law) balançait " la mahzala" en disant " un officiel algérien de la sécurité se rend à Guantanamo". On était furieux mais que faire ? Un malheur ne venant jamais seul, une petite "chaouchara" créée par un sénateur-Rogers* rendit le séjour invivable.
Quelques semaines plus tard, le voila dans la capitale égyptienne faisant un compte-rendu assaisonné à ses amis du Caire de ses pérégrinations américaines. Il anime une "nadoua" où il commence à parler devant les frères musulmans de courant qui ne passe pas entre le général Mohamed Lamari et Mediene-Toufik et que lui est "proche" du DRS, ce qui en fait un élément incontournable dans la paix que commence à recouvrir l’Algérie …
Eh oui ! Qui parle en Egypte du différend Lamari-Toufik ! Attendez la suite. Il troque immédiatement le DRS pour devenir prédicateur et lança : «vous savez Ikhouani (mes frères), tous les gardiens de Guantanamo sont devenus musulmans » !!! Pavlov a fait des émules. Des énergumènes tout justes sortis des rumeurs du Delta du Nil vociférèrent « Allaha Akbar ». D’autres, plus lucides, pointèrent la cible et hurlèrent : « Regardez voila un modèle physique de menteur» !
Lors des élections législatives de 1997 Hassane Aribi qui est originaire de la région de Taoura–Merahna ( 24 km au sud-est de Souk Ahras ), comme le fameux Hraoubia et Mohamed Said, l’ex ministre de la communication, se présenta sous la bannière de Abdallah Djaballah pour la wilaya de Souk Ahras . Tous les anciens du FIS étaient interdits de candidature mais Si Hassouna disposait déjà d’un quitus. Et comme il était champion dans l’usurpation, il n’était pas étonnant de voir collée au dessous de la photo du candidat la mention: avocat. Puis lors des législatives de 2002, Hassen Aribi changea de profession, et se présenta, cette fois-ci, en mouhalil iqtissadi (analyste en économie). Hassene Aribi analyste ! Voila un dilemme de plus. A t-il acheté une « ijaza »à l’université Annajah du Caire pour 250 dollars?
En réalité Aribi est un analphabète. Le malentendu entre lui et l’école commence lorsqu’il arrive à la troisième année primaire … Et c’est déjà beaucoup pour notre bonhomme ! Puis après un vagabondage lié au fait qu’il n’était pas Ould Taoura là ou le tribalisme est ancré (probablement originaire du sud de la Tunisie ), sa carrière vire vers le zoo. Il débute avec un riche commerçant kabyle, un certain Boukhalfa, proche parent de Mohamed Said, le parachuté de Toufik à la communication, et qui possédait un élevage dans la zone de Hamam Tassa, à 11 km de Souk Ahras sur la route de Sakiet Sidi Youcef. L’homme, généreux se laisse guider par son bon cœur. Il a cru nécessaire d’aider si Hassouna, un malheureux en quête de travail, en le recrutant dans ses écuries. Aribi s’occupa du nettoyage et de la nourriture des vaches. Après une longue période d’apprentissage, il devint maquignon, puis le voilà chauffeur clandestin d’une Peugeot 404 sollicitant les passagers non loin de l’hôpital régional et faisant la navette entre Souk Ahras et Taoura. Son expérience en tant que transporteur clandestin qui ramassait l’argent pour le FIS lui a ouvert la voie vers une grande promotion .Insane mouch qari lakin qafez ou entaa thika (homme analphabète mais débrouillard et de confiance).
Avec la victoire du FIS aux communales en 1990 puis aux premières législatives de 91, Aribi trouva la réponse à toutes ses frustrations d’antan. Il gravit les échelons et se voit propulsé à l’avant-scène du bureau de Wilaya où il finira par s’occuper de la trésorerie. Lors de la campagne d’internement administratif de 92, Aribi n’en échappa pas. Dans les camps, il a eu à faire au numéro 2 du FIS de Souk-Ahras, un certain Omar Bouchouk. Un jour, Monsieur Bouchouk excédé par les réponses ambiguës de Hssissan, décida alors de lui donner une sévère correction en lui fracassant les vertèbres. Bouchouk avait promis à Aribi un châtiment capital (la mort). La cause résidait dans la disparition de gros montants de la trésorerie (Beit el mal), juste avant l’internement administratif de 1992. Hassouna le clandestin aurait caché le magot du coté d’Al Battoum, sortie sud de Taoura.
Durant son internement, c’est une véritable hystérie qui s’empare des populations. Dans les parages d’Al Battoum, plusieurs personnes, excitées par ces biens enfouis, faisaient des sorties champêtres en tentant de dénicher des indices de la zone où se trouve le trésor. D’après un membre de l’ex-Fis, ces montants représentaient l’équivalent de 113 milliards en 1995. Il y avait même de l’argent de la zone nord de la wilaya de Tebessa. Malheureusement, le jour attendu par Bouchouk ne viendra jamais. Une fois sorti du camp, ce même Bouchouk fut poussé par les circonstances à rejoindre les terroristes du GIA du coté de Zaarouria. Selon certains dires ce ralliement seraient dû aux harcèlements et aux perquisitions abusives et aux grossièretés proférées devant sa femme et sa famille. Il fut abattu par la gendarmerie dans les monts de Zaarouria et le jour de sa mort, il fut mis dans une camionnette puis transporté vers la morgue de l’hôpital où les gens furent invités à venir lui cracher sur le visage. Tous les voleurs de Souk Ahras firent le déplacement. Un acte dégoûtant commis contre un cadavre, encouragé par les corrompus et les voleurs de l’Edipal et de L’Enapal et, plus précisément, un gradé du secteur militaire, un officier de la gendarmerie et un autre escroc du renseignement devenus plus tard amis de Hassane Aribi. Ces trois sinistres responsables ont causé beaucoup de tort à des citoyens sous prétexte de la lutte anti-terroriste En réalité Bouchouk était un élément à la mentalité médiévale et, surtout, avec des convictions théocratiques obscurantistes. Mais il était un enseignant correct dans ses rapports avec son entourage avant de devenir terroriste…
Pour un journaliste honnête il est toujours risqué et difficile de pervertir les réalités, car les contrecoups des mensonges sont souvent fatals, surtout auprès d’un lectorat témoin des évènements qui s’est déjà forgé son propre jugement.
Hassane Aribi, soulagé par la mort de son chef reste inquiet car il est informé que le responsable principal du FIS de Souk- Ahras a crée un groupe de l’AIS au nord de la wilaya dans les montagnes d’Al Machrouha. Pour montrer sa loyauté, Hssissan fait sortir une petite partie du trésor pour assurer le financement temporaire de l"AIS. Comme il le redoutait, il est vite trahi lors de la capture d’un élément, répondant au nom de Boucif, lequel donna un témoignage accablant sur les activités du trésorier du FIS. Boucif avoua que Hacene Aribi contribuait dans les actes terroristes en s’occupant de la logistique du groupe dirigé par Ali Merad. Juste après cette confession, une série de poursuites fut alors déclenchée par le tribunal de Guelma à l’encontre du maquignon de Taoura, mais Aribi demanda la protection du DRS offrit sa collaboration et commença même ses contacts avec Mazrag de Jijel. Hassouna profita du lien d’amitié qui liait Ali Merad qu’il finançait à ce dernier.
Les poursuites sont automatiquement suspendues sur un ordre venu « d’en haut ». Et le voila surgir du coté de Serkaji pour aller faire une offre à Abdelakader Hachani alors en prison. Hachani est originaire de Tamlouka (Guelma), pas loin de Ksar Sbihi ( Oum El Bouaghi ), d’où vient aussi Ghazi Hidoussi. Hachani, furieux devant l’indécence de Hassouna, l’insulte et le traite de "Amil", c’est à dire traitre, et le congédie. En retournant dans sa région, Aribi profita de l’occasion pour se lancer dans les matériaux de construction où il a réussi à faire main basse sur le point 12 avec un certain Garboussi, le gangster de Tebessa ayant torturé le correspondant du journal El Watan, ancien enseignant à Ouenza, qui s’appelait Belirdouh ( décédé depuis ). Le point 12 que connaît aussi le défunt journaliste d’El Watan, est un centre de commande de ciment importé de Tunisie. Il est localisé entre Ouenza et Al Aouinet (Wilaya de Tebessa). Les détaillants en matériaux de construction transitent par ce poste pour pouvoir décrocher des bons d’importation. C’est un haut lieu du trafic, de la spéculation et de la corruption dans la région Souk Ahras -Tebessa. Hassane Aribi tissait des liens très intimes avec Saad Garboussi, personnage légendaire de Tebessa et responsable de la Chambre de Commerce. C’est pour cela que la Chambre de Tebessa est fusionnée avec Souk Ahras avec siège à Tebessa. Qui veut mesurer la sauvagerie humaine doit aller faire un tour dans ces régions. Aucune autorité ne peut tenir tête à cette faune. Il faudrait des détachements de blindes et d’artillerie pour en venir à bout. Et encore !
Autre élément important, Hassane Aribi s’est illustré par des absences hors du territoire national, notamment lors des voyages douteux vers le Golf, ce qui explique en partie, la prise en charge du dossier des détenus de Guantanamo par un avocat qatari. Dans ce contexte, Il faut aussi se rappeler de la vague de transfert des fonds par ceux qui ont hérité des biens du FIS vers des banques du Golf et particulièrement vers le Qatar car Hassane Aribi, l’analyste en économie était un grand dépositaire des fonds du FIS qui s’est muté en intermédiaire lors des négociations de la trêve avec l’AIS. Selon toute vraisemblance, c’est l’argent amassé par le parti dissous qui l’aurait porté vers les hauts standards. Il s’est permis de nouer des liens avec la chaîne Al Jazira où il s’amusait à fabriquer des interventions type thalil à l’oriental, pour impressionner le malheureux monde sur lequel il régnait.
Le 11 Février 2001, Ali Merad tombe à Souk Ahras sous les balles de la kalachnikov d’un Moudjahid. Les versions de cet incident sont diverses, mais rien ne permet d’épouser les dires du GLD de Mechroha simplement parce qu‘il a crié “Tahya Al Jazair “. On ne s’immisce pas dans les compétences juridiques des avocats connus pour leur probité ni dans les droits de ce moudjahid de s’être défendu devant la justice. Mais seule une vérification minutieuse pourrait déboucher sur la vérité. Les raisons de cette élimination peuvent être autres, car il ne suffit pas aussi de se contenter du fait qu’Ali Merad dirigea à un moment donné un groupe de l’AIS au Nord de Souk Ahras pour tomber dans la thèse d’un affrontement patriote-terroriste.
A Mechroha (Souk Ahras) , il y a des tensions tribales qui ont pris naissance lors de la révolution. En tout cas, et ceci est important dans ce contexte, c’est que le deuxième témoin, Ali Merad, c’est à dire le rival principal de Hassan Aribi qui connait des antécédents est parti. Et, ce qu’il est encore primordial de comprendre, c’est que Souk Ahars a assisté en masse à l’enterrement de Ali Merad. C’est à cette équation qu’il faut trouver une explication vérifiable.
Hassan Aribi joua, lors de l’enterrement, le personnage central face à ces anciens du FIS qui le regardaient avec haine. Hassouna avait déjà opté pour le parti de Djaballah dès 1999, pour une couverture islamiste, lui qui démarra de la 3 ème année primaire vers la fortune pour devenir un professionnel des plateaux de télévision pour dire…n’importe quoi.
Pauvre Algerie. On comprend pourquoi elle enregistre les plus mauvais résultats de l’instruction scolaire dans le monde.Qui dit mieux ?
ML. ZOUAIMIA
*Rodgers : contributeurs du parti républicain américain dont les dons sont équivalents ou supérieurs à 120 000 dollars par an.