Yennayer à Tizi-Ouzou : « le MAK appelle à la mise sur pied d’une organisation nord-africaine pour l’autodétermination des peuples amazighs »
TIZI-OUZOU (SIWEL) — Certes, la marche de Yennayer du conseil universitaire du MAK fut interdite et réprimée. Mais, c'est mal connaitre la détermination d'un peuple décidé à se libérer d'un colonialisme qui se cache derrière une souveraineté qu'il a sournoisement usurpé. L'Algérie n'est pas un Etat souverain. L'Algérie un Etat raciste et néocolonial. Il n’est que l'héritage empoisonné du colonialisme français qui poursuit son ‘’œuvre civilisatrice’’ et ne cesse de le prouver depuis 1962, en Kabylie, dans les Aurès, dans le Mzab ou en pays Touaregs. Désormais, plus personne n'est dupe de la nature réelle de cet Etat raciste, despotique et criminel, car comme disait Mouloud Mammeri « le temps n'est plus où une culture pouvait se tuer dans l'ombre, par la violence ouverte
et quelquefois avec l'acquiescement aliéné des victimes ».
Le 12 janvier 2014, les kabyles et les mozabites ont démontré que les amazighs sont capables de se solidariser les uns envers les autres dans le cadre du concept de l’unité dans la diversité. (PH/DR)
Pacifiquement, les mains nues, avec son discours franc et ses vérités étalées au grand jour, le MAK dévoile la nature réelle de l'Etat algérien.
En effet, comment peut-on qualifier un Etat qui apporte son appui logistique à des bandes organisées de voyous ou qui use d'armes de guerre contre une population civile désarmée? Un Etat criminel...
Comment qualifier un Etat qui assassine des centaines de citoyens parce qu'ils réclament leur droit d'exister dans leur langue, leur culture et leur identité sur leur propre territoire ? Un Etat raciste...
On a pu voir et entendre, dans une vidéo de la marche diffusée sur les réseaux sociaux, un policier hurler aux manifestants " ma âandkumch le droit ! " (Vous n'avez pas le droit: NDLR);
Mais, de quel droit s'agit-il donc ? Quel est ce droit qui dénie aux peuples de faire vivre dans la liberté et la dignité leur langue, leur culture et leur identité tout en leur imposant de force une autre langue, une autre culture et une autre identité ? Il n'y en a qu'un et c'est celui que s'octroi de force le colonialisme...
N'en déplaise au régime colonial d'Alger, la Kabylie prouve depuis 1963 qu’elle ne saurait se plier au dictat du racisme et du despotisme caricaturalement incarné par le pouvoir algérien. Elle ne saurait non plus s’accommoder de l'hypocrisie des faire-valoir démocratiques qui prétendent faire de l'opposition quand ils se cachent derrière des silences indignes, ou pis encore, quand ils cautionnent, par leur participation active au jeu pervers de la démocratie algérienne, l'ignominie d'un régime criminel qui dénie aux peuples amazighs le droit légitime d'exister, chez eux, souverainement avec leurs propres attributs identitaires.
Au MAK, on ne récolte ni gloire ni fortune, juste des tracasseries administratives, des arrestations, des répressions maison en on y vit l'immense bonheur d'œuvrer pour une cause juste et légitime (PH/DR)
L’avantage du MAK réside justement dans son refus de jouer le jeu macabre de la prétendue "légalité politique algérienne", estimant d’abord qu’elle n’a de légalité que le nom et que de plus elle corrompt les esprits, attise les appétit et mène inexorablement au reniement. De ce fait, le MAK s’évite certains inconvénients non négligeables du fait qu’il n’ait aucun attrait pour les opportunistes gourmands, les carriéristes politiques avides de pouvoirs, aussi minime soit-il.
Avec le MAK, il n'y a ni mairie, ni wilaya, ni ministère, ni aucun budget à gérer. On n'y récolte ni gloire ni fortune, juste des tracasseries administratives, des arrestations, des répressions mais, en revanche on y vit l'immense bonheur d'œuvrer pour une cause juste et légitime, celle du peuple kabyle qui lutte pour se préserver d’une mort programmée et, dans une solidarité sans faille, celle des autres peuples frères amazighs qui luttent pour arracher leur liberté et leur dignité.
Comme en janvier 2012 où le MAK avait manifesté son soutien inconditionnel et sa solidarité sans faille avec le peuple Touareg de l'Azawad et l’année d’avant avec les amazighs de Libye, hier à Tizi-Ouzou, au grand damne du régime raciste d'Alger, le MAK a encore "récidivé".
Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, qui avait dédiée la marche de Yennayer 2964 au peuple mozabite qui fait face au racisme féroce du régime criminel d'Alger, n'aura finalement pas marché face à la répression haineuse des forces de polices algérienne. Mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il aura tout de même réussit son pari en improvisant un sit-in où se sont succédé des prises de paroles franches et courageuses loin de "l’enfumage" politicien des "opposants" et autres "intellectuels" qui s’arrangent toujours pour éviter de fâcher le pouvoir au-delà des "limites autorisées".
Toujours est-il que, n’ayant pas reçu de sa hiérarchie l'autorisation de déverser leur haine contre les manifestants, le dispositif répressif algérien, trépignant de rage, a dû contenir ses pulsions haineuses, enviant certainement la liberté d’action accordée à leurs collègues de Ghardaia.
Voici quelques interventions des principales interventions des dirigeants du MAK et de la délégation des mozabites hier à Tizi-Ouzou.
Le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib, qui n'a cessé de faire "tampon" entre les manifestants et une horde de policiers "sur les dents" a confié à Siwel avoir tout fait pour freiner les manifestants qui ont tenté à plusieurs reprises de " forcer le barrage des brigades de la répression" ; avouant qu'il craignait particulièrement pour la sécurité des personnes âgées, des jeunes femmes et des enfants présents sur les lieux.
Dans son allocution, il a d'abord rappelé que ce " Yennayer 2964 est marquée du sceau indélébile de la fraternité amazighe".
L'indéfectible solidarité avec le peuple mozabite
"Non seulement nous avons dédié cette marche au peuple mozabite victime de l’apartheid du régime algérien, mais une forte délégation venue de la vallée du Mzab est avec nous ici, à Tizi-Ouzou pour exprimer ensemble notre solidarité avec tous les peuples amazighs qui luttent pour leur liberté et leur dignité ".
Il enchaine ensuite sur un bref rappel historique qui démontre le caractère raciste du régime algérien au lendemain même de sa naissance, y compris pour des œuvres d'expression arabe produite par un amazigh : "Depuis 1962, le peuple mozabite à l’image de tous les Amazighs d’Algérie, subit de plein fouet la politique d’arabisation et de dépersonnalisation de la part de l’Algérie Arabe qui s’est substituée à l’Algérie française.
Boumediene, juste après son accession au pouvoir, a émis le souhait de supprimer « l’hymne nationale algérienne » pour la simple raison qu’il était l’œuvre d’un mozabite, Moufdi Zakaria dont il faut rappeler qu'il est mort en exil en Tunisie" rappelle-t-il à l'assistance.
Evoquant le destin parfois tragique des peuples amazighs, Bouaziz Ait-Chebib a estimé que "Leur salut passe impérativement par l’avènement de leurs propres états sur leurs territoires légitimes ; c'est l'unique voie de salut pour les amazighs".(PH/DR)
Le président du MAK a tenu à rappeler que "le peuple kabyle est connu pour sa solidarité avec toutes les causes justes et les peuples opprimés dans le monde" ; "Nous soutenons le peuple frère mozabite, d’abord et avant en tant que peuple opprimé, et en tant que peuple frère ensuite." Rappelant l'amère réalité des peuples amazighs qui "subissent le joug des régimes totalitaire soutenus par les anciennes puissances coloniales, il dira que " Cette terrible tragédie n'est rendue possible que parce que les amazighs sont dépourvus de leur souveraineté" avant de préciser sa pensée et de dire "Leur salut passe donc impérativement par l’avènement de leurs propres états sur leurs territoires légitimes; c'est l'unique voie de salut pour les amazighs".
C’est à ce moment qu’un mozabite, émissaire du Dr. Kamel Eddine Fekhar a scandé : "Mzab autonome!", puis le président du MAK reprend la parole pour déclarer : "Après les Amazighs de Libye qui ont fini par émettre le vœu d’établir leur propre Etat, c’est au tour des Mozabite d’emboiter le pas au MAK. L’histoire et la dure réalité des amazighs nous donne raison. Ce qui est valable pour le peuple kabyle l’est aussi pour les autres peuples amazighs" ; "De par sa solidarité sans faille avec les peuples amazighs, le MAK a démontré que sa voie constitue le seul trait d’union, de solidarité et d'entraide entre les peuples Amazighs pour leur survie". C'est pour cela que le MAK appelle les peuples frères à la mise sur pied d’une organisation nord-africaine pour l’autodétermination des peuples amazighs".
Bouaziz-Ait-Chebib: "Depuis 1962, le peuple mozabite à l’image de tous les Amazighs d’Algérie, subit de plein fouet la politique d’arabisation et de dépersonnalisation de la part de l’Algérie Arabe qui s’est substituée à l’Algérie française.(PH/DR)
La répression de l'Etat raciste d'Alger
À ce propos, le président du MAK a dit au cours de son allocution : " Nous menons un combat digne et civilisé face à un régime barbare et infâme. Le recours à la répression féroce par un régime oppresseur signifie que ses victime son près de triompher de sa barbarie. Et c’est notre cas en tant que peuple kabyle qui veut disposer de lui-même" avant de poursuivre "Quand en désespoir de cause, le pouvoir algérien n'a pas d'autres choix que de mentionner le MAK, il dit toujours que le MAK n’existe pas, que c'est du "tintamarre". Dans ce cas, pourquoi aujourd’hui, et à chaque fois que le MAK appelle à une marche, le pouvoir est dans l'obligation de déployer un dispositif répressif impressionnant ? Alors aujourd'hui, j’invente un nouveau mot en français : le « fantômage » et les services de sécurité algériens sont en réalité des services de lutte contre le fantômage ! " Ironise M. Ait Chebib.
Puis il avertit les ennemis de la Kabylie : "Le peuple kabyle a une bonne mémoire. Tôt ou tard, il vaincra ses ennemis et gare à celui qui entrave sa marche vers la liberté. Ceux et celles qui l’ont méprisé, agressés, assassiné, paieront cher leur haine ou leur trahison".
L’élection présidentielle
Concernant cet épisode qui suscite les passions des courtisants du régime criminel d'Alger, M. Ait-Chebib dit " La Kabylie n’est pas concernée par cette énième mascarade organisée par un pouvoir assassin. Comme les élections présidentielles précédentes, le peuple kabyle rejettera cette échéance. De même que Bouteflika n’a jamais été le président du peuple kabyle, son successeur ne le sera pas non plus. Le seul scrutin qui nous intéresse c’est le référendum d’autodétermination qui permettra au peuple kabyle de choisir librement le statut politique qui lui sied".
Amar Ghoul
Abordant un autre énergumène qui amuse la galerie, le président du MAK dit : " Pour nous, Amar Ghoul est un individu totalement insignifiant. Il ne vaut même pas une virgule dans une phrase. Il ne mérite aucune réponse. Il ne figure sur aucune statistique sauf celles relative à la corruption où il est classé en tête de liste, comme le régime qu’il sert. Le pouvoir algérien, et ses satellites, incarne la corruption, la haine et l'ignorance la plus crasse. Alors, il ne peut pas se reconnaître dans un Yennayer qui symbolise la dignité, la liberté, la solidarité et le respect, et nous sommes à vrai dire soulagés qu'un individu de cet acabit s'en démarque totalement, c’est le contraire qui nous causerait du tort.
Puis le président du MAK conclue en disant " Encore une fois le MAK a démontré sa capacité de mobilisation qui le confirme comme première force politique d’opposition à ce régime criminel. Une force à laquelle sont suspendus les espoirs du peuple kabyle qui aspire à recouvrer sa liberté, sa dignité et sa souveraineté. Cette manifestation, bien que réprimés, augure par la formidable mobilisation citoyenne, un avenir de liberté et de prospérité pour la Kabylie"