mardi 12 novembre 2013

Aux bradeurs de l’identité amazighe Par: Moha Mokhlis | Contributions | D.N.Kabylie

Aux bradeurs de l’identité amazighe
Par: Moha Mokhlis

12 novembre 2013 20:17
Moha Mokhlis. Photo DR
Moha Mokhlis, militant amazigh et journaliste marocain. Photo DR



L’idée de m’adresser à vous, vous interpeller, m’a toujours tenté. Le moment est venu de vous inviter à partir « cultiver votre jardin » – pour parodier Voltaire auquel je demande de m’excuser, à titre posthume, pour avoir osé cette analogie disproportionnée. Ecoeuré par la veulerie de vos actes et la bassesse de vos desseins. Vous reprochez à vos aînés qui ont évolué dans une ambiance d’hostilité anti amazighe générale d’avoir bradés notre identité pour nous leurrer et mieux fomenter vos desseins macabres. Vous voilà, à présent démasqués. J’espère en vous interpellant par ce modeste écrit qui vous est destiné spécialement, avoir exprimé ce que la majorité des amazighs pense tout bas. Je voudrais tout de suite vous rassurer : je n’éprouve aucun sentiment de haine ou de vengeance envers vous. Vous m’inspirez plutôt la pitié. La grandeur des valeurs amazighes me dissuade de nourrir des sentiments de mépris à votre égard. Vous vous inscrivez dans la perspective de la volaille qui picore dans un tas d’immondices pour rassasier son instinct de survie. Des bousiers qui roulent continuellement leurs boules. Je m’inscris dans la vision des aigles des hauteurs qui me permet d’avoir une vue d’ensemble, transcender les détails et cerner la problématique dans sa globalité.
Le jeu cynique que vous pratiquez avec excellence ne peut durer éternellement. Vos masques flasques commencent à tomber, partir en lambeaux. Votre paternalisme despotique et désuet hérité d’une idéologie périmée nous fait sourire. Vous êtes dépassés. Des démagogues en péril. Figés sur des positions ringardes et caduques que vous prenez pour une sagesse. Ridicule satisfaction de salon. Imazighen vous pardonneront. Et vous épargneront des procès humiliants.
Du fait que vous avez toujours prétendu nous « civiliser » par des valeurs barbares, du fait que vous déclarez faire partie de nous, nous fermerons les yeux sur le mal que vous avez causé, les dégâts que vous avez provoqués, l’hypocrisie que vous incarnez et votre machiavélisme fallacieux. Les tords que vous avez faits à notre combat amazigh sont gravés dans nos chaires, lacérées par tant de blessures, d’injustices et d’humiliations. Vous êtes des petits nains dont l’ego est chatouillé par un pouvoir illusoire que vos responsabilités de valets vous confèrent. L’histoire témoigne et témoignera. Vous avez joué votre rôle d’esclave au service de vos seigneurs et d’un pouvoir manipulateur et liberticide.
Partez, et laissez le mouvement amazigh continuer son chemin vers des lendemains meilleurs. La relève est assurée. Les générations montantes vous donnent des leçons d’engagement. Vous n’avez qu’assez cassé et vous devez avoir honte et être rongés de remords pour avoir collaboré avec le despotisme contre vos parents, vos frères et vos tribus morcelés par des décisions sécuritaires, perverties par une administration et une bureaucratie qui naviguent à vue. Des responsables « cow boys » qui administrent nos villages comme des territoires conquis. Nous ne pouvons pas nous entendre. Notre appel au dialogue bute contre votre monologue éternel et tragique, votre mentalité de « scribouillards » qui cultivent les ambiguïtés et les amalgames. Nous revendiquons un dialogue et vous continuez à théâtraliser votre monologue stérile. Cessez de prendre les vessies pour des lanternes. Le monde a chargé et vous restez accrochés à des fantasmes morbides. Vous rêvassez. Vous délirez.
Je m’abstiendrai de citer vos noms et prénoms. N’ayez pas peur. Le moment viendra où ils seront dévoilés au grand jour. Votre parcours de « militant » qui vous permet de marchander notre cause, celle d’un peuple qui souffre le martyr, sera dévoilé. Vos prouesses politiques seront connues. Votre jeu vous a piégé. L’Histoire vous a rattrapés. Le mouvement amazigh est serein. Vous avez brouté sur son dos comme des prédateurs, comme des charognards. Vous avez négocié sur son dos pour des miettes. Les mondanités vous fascinent. Les feux des projecteurs vous attirent comme des libellules mues par l’instinct du suicide volontaire.
Partez et emportez votre butin. Vous êtes la négation de l’essence de timmouzgha. Qu’avez-vous gagné en plantant vos dents de vampire dans la chair des militants du mouvement amazigh ? Votre proxénétisme renforce notre éveil et notre détermination de continuer notre lutte, vivre debout. Les mères des détenus politiques amazighes sont étranglées de chagrin. Des Aït Merghad, des Aït Khebbach, des Aït Ihya, des Ait Sedrat, des Aît Baamran, des Aït Atta, des Igzennayen, des Ait Weryaghl, des Ait…. Elles sont accablées. Les mères des détenus. Vous déshonorez la mémoire de la résistance amazighe dont vous réclamer frauduleusement la paternité occasionnellement.
Aussi vous prierais-je de partir, disparaître et laisser pousser l’herbe sur cette terre amazighe que vous avez asséchée par vos razzias. Vos mensonges énormissimes. Par votre cupidité de sauterelles du désert qui ravagent la nature et ses plantes. Par votre culture aride et productrice de frustrations et de mépris pour les Autres. Une culture moribonde qui enfante la terreur et la servitude. Une culture qui cultive les amalgames et les ambiguïtés. Une culture gouvernée par l’incompétence endémique, les feux d’artifices sans lendemains, la haine des Autres, l’ostracisme, la ségrégation théologique et métaphysique. Laisser nous admirer les étoiles qui brillent dans notre ciel amazigh. La beauté de nos vallées enclavées, de nos rivières et de nos sources millénaires qui nous abreuvent de sagesse et de stoïcisme. Nous sommes un peuple ancré dans l’histoire et la civilisation mondiale. A quoi bon continuer à nous faire saigner, après tant de malheurs dont vous êtes les artisans émérites et « chevronnés ».
Seuls, n’est-ce pas, les grands actes font les grands hommes. Et à cet égard, votre départ sera, certainement, votre plus beau chef d’œuvre historique. Ne ratez pas cette occasion pour vous racheter dignement. C’est le meilleur service que vous puissiez rendre à la nation amazighe et à sa patrie meurtrie. Laissez nous choisir notre destin, notre futur, nos croyances, notre mode de vie, vivre et goûter à la liberté pour laquelle nos parents ont sacrifié leur vie. Des milliers de vie. La liberté qui fonde notre essence d’amazigh et guide notre existence. Nous pouvons nous passer de votre tutelle. Pendant que les vôtres fomentaient des intrigues, des stratagèmes et des conjurations contre la résistance amazighe, nous avons pris des armes pour lutter. Vous êtes des mercenaires au service du colonisateur. Epargnez nous vos discours fallacieux et votre rhétorique arabe stérile. Personne ne peut plus vous croire. Vous avez défiguré le visage de notre patrie et souillé son honneur. L’avenir est de notre côté. La justice et l’équité aussi.
Faites un effort. Laissez les amazighs bannir l’arbitraire et la ségrégation qui constituent les piliers de votre système inique ; laissez-les reconquérir leur dignité, même si ce mot ne signifie plus rien pour vous. Habitués au ventre platisme et disposés à baisser vos pantalons. Assumez, une fois n’est pas coutume, la responsabilité morale du désastre culturel, social, économique, politique et identitaire que vous avez fomenté, planifié et provoqué par vos politiques sectaires et votre vision étriquée de la réalité. Le peuple amazigh refuse d’être traité comme un butin de guerre ou un fonds de commerce à négocier. Il n’a qu’assez servi de chaire à canon, pour des causes qui ne sont pas les siennes. Des causes pour lesquelles vous avez dédiée votre vie d’apatrides et d’aliénés avant de vous « convertir », brusquement, à l’amazighité, devenue, à vos yeux, un « créneau » porteur.
Nous fermerons les yeux : emportez vos valises de devises, vos impostures, vos matraques, vos gourdins et vos trucs à falsifier les élections. La démocratie amazighe ne peut s’accommoder de la pègre de votre espèce. Et des voyous de votre acabit. Vous êtes la négation suprême des valeurs amazighes. Partez pour que nous puissions respirer l’air frais de nos plaines et de nos montagnes amazighes que vos mensonges, votre hypocrisie et vos amalgames ont polluées. Ne craignez rien, nous vous pardonnerons même si vous vous croyez au dessus de toutes les nations, en l’occurrence du peuple amazigh, si généreux et si tolérant. Même si vous avez perverti nos valeurs, affamé des millions de citoyens, dilapidé les deniers publics, assoiffé nos tribus, bordélisé nos villages, clochardisés nos communautés, corrompu notre mode de vie, malmené notre sagesse, nargué nos traditions millénaires, traqué et falsifié notre histoire, bombardé nos villages, interdit nos prénoms, assassiné nos héros, réprimé nos activistes culturelles, chargé contre nos sit-in pacifiques, humilié nos parents, emprisonnés nos militants, parasités nos institutions, abruti nos enfants, bradé nos richesses, pollué nos repères pour leur substituer des comportements bédouins, arabes, archaïques et obsolètes. Pour leur substituer une culture arabe primitive, barbare, qui fait l’apologie de la pédophilie, de la sodomie, de la misogynie, du fanatisme, de l’extrémisme, de la barbarie et du terrorisme. Une culture arriérée, bouchée, xénophobe, intolérante, antisémite et productrice de frustrations, d’injustices, de népotisme, de dictature et de terreur.
Partez et nous jurons sur la tombe de Zayd Ou Hmad, de Assou Ou Baslam, de Moha Ou Saïd, de Moha Azayyi, que vous avez vendus pour des agréments et des postes de supplétifs, que les corrompus que vous êtes ne seront pas dépossédés des bénéfices de leur rapine. Connaissez-vous Gandhi ? Non, vous ne savez rien. Ce n’est pas surprenant ! Vous lui préférez les sanguinaires que sont les Oqba et Othman ou les sclérosés tels les Banu Taimmiya et autres Banu Hanbal qui sont l’incarnation de la tyrannie et de la théocratie esclavagistes. Gandhi est un monument universel qui disait qu’il faut laisser une ouverture au voleur pour qu’il puisse s’en aller. S’enfuir. Nous vous laissons donc cette lucarne pour déguerpir comme un démon qui quitte le corps meurtri d’un possédé. Nous sommes un peuple pacifique ; foncièrement anti violent. Un peuple fier, qui plonge ses racines dans les plus hautes antiquités. On ne vous demande pas de lire ni Gandhi, ni Voltaire, ni Mammeri, ni Kateb Yacine. A l’impossible nul n’est tenu. N’est-ce pas ? Le seul domaine où vous excellez est celui de la veulerie, du mensonge, de la répression, de la torture et de la corruption. Comment demander à un arabocrane monolingue et dont le crâne, justement, a été bourré de culture arabe de lire Montesquieu ou Tocqueville ? Pourtant vote analphabétisme n’est pas un défaut. C’est une maladie qui se soigne. Mais vous souffrez d’une maladie endémique et incurable : l’arabo-baâthisme. Un cancer contagieux qui se nourrie de vos fantasmes arabes.
Non messieurs, vous n’êtes pas la quintessence de ce que notre patrie amazighe a enfanté. Vous êtes des traîtres. Des collaborateurs. Des saboteurs. Des fossoyeurs. Un conglomérat de profiteurs et d’arrivistes. Vous symbolisez la décadence, la négation de la civilisation humaine et universelle. Vous êtes les promoteurs des théories nazies et fascisantes. De l’immobilisme qui mène vers la mort. La décadence et la déconfiture. Le fanatisme et le terrorisme.
Regardez notre peuple que votre veulerie et vos valeurs métaphysiques et théocratiques ont entraîné vers l’esclavagisme, la misère et le sous développement. Interrogez les militants du Mouvement Amazigh, si jeunes, qui portent toujours les tatouages indélébiles qui entaillent leurs corps desséchés par votre torture et vos traitements dégradants et inhumains, à Sidi Saïd, Errachidia, Boumal n Dadess, Houssima, Ifni et Warzazat. Vous vous êtes hissés au sommet de la pyramide en grimpant pas dessus des centaines de cadavres. Vous arrive-t-il de frissonner en souvenir des cris aigus qui jaillissent des gorges de vos suppliciés. Arrivez-vous à dormir ?
Partez, et nous vous pardonnerons vos lâchetés et votre stupidité. Nous n’irons pas cracher sur vos tombes. Le peuple amazigh n’attend rien des mercenaires comme vous, équipés de mensonges et de démagogie. Pour que règne dans notre patrie la culture de la responsabilité qui mettra fin à vos bricolages historiques, à votre négationnisme et à vos pratiques abjectes charriées par quarante années d’un système inique.
Voyez le sort du potentat arabe de Bagdad avili et humilié. Regardez ce qu’est devenue son image de « héros » de la « nation arabe » brodée durant des années de règne sans partage ! Ceci devrait vous inciter, au moins, à réfléchir, même si ce n’est pas de vos habitudes de cogiter. Méditez l’aventure criminelle du général Augusto Pinochet. Souvenez-vous de Milosevic, de Mobutu, de Bokassa, d’Eyadema, Kadhafi, Ben Ali, de Taylor et du sort qui attend El Béchir. L’histoire témoigne. Elle vous demandera des comptes. Vous avez intérêt à déguerpir ! Tant qu’il est encore temps.


Lu sur le mur de Moha Mokhlis, un militant amazigh et journaliste marocain

Gusi Peace Prize 2013 décerné à Ferhat Mehenni.

Gusi Peace Prize 2013 décerné à Ferhat Mehenni.

Écrit par | 22/09/2013 | 0 Comments
Gusi Peace Prize 2013 décerné à Ferhat Mehenni.

MANILLE, PHILIPPINES  — Le président du Gouvernement provisoire kabyle en exil, M. Ferhat Mehenni, 62 ans, a été avisé par le Comité du Gusi Peace Prize International Foundation basé à Manille, aux Philippines, qu’il a été décidé de lui décerner le Prix Gusi de la paix 2013 pour ses “efforts inlassables, oeuvrant pour trouver des solutions politiques pour le bien-être des populations grâce à la défense des droits politiques et pour ses contributions significatives au maintien de la paix”.

Dans une lettre datée du 23 Juillet 2013, l’Ambassadeur Barry Gusi, Président du Conseil de la fondation éponyme « Gusi Peace Prize International », qui a communiqué la nouvelle de la nomination à Ferhat Mehenni, a écrit : « Honorable Ferhat Mehenni, pour vos efforts inlassables, oeuvrant pour l’amélioration des gens, de trouver des solutions politiques pour le bien-être des populations grâce à la défense des droits politiques.
Vous avez été le fondateur et premier président du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, et êtes le président du Gouvernement provisoire de la Kabylie depuis le 1er Juin 2010. 
Étant surtout connu comme un activiste politique et chanteur kabyle unique, vous avez utilisé des chansons de protestation comme un moyen de communication très puissant dans la tradition orale, comme un journal ou un discours politique dans les assemblées et sociétés européennes, pour transmettre ces idées sur le nationalisme kabyle et obtenir un changement politique. 
Vos grandes contributions, réalisations ont fait de vous un modèle de vie à imiter, non seulement en Kabylie, mais dans toute l’Afrique du Nord, l’Asie et la communauté internationale. 
Par conséquent, votre présence est très attendue le mercredi 27 Novembre 2013 à 17h00 à la Philippine International Convention Center, Manille, aux Philippines, pour recevoir cet honneur distingué, réalisation dédiée et intégrante de vos contributions significatives au maintien de la paix dans le domaine des droits politiques. 
Votre présence à la soirée de l’événement sera très appréciée par le Prix Gusi de la Paix des Philippines et les Comités internationaux, le peuple philippin, en Asie et dans le monde entier. Votre présence à l’événement renforcera la dignité humaine, de l’amitié et de bonne volonté. » 
Souvent considéré comme le Prix Nobel de la paix de l’Asie, le Gusi Peace Prize est mandaté par la Proclamation présidentielle n ° 1476 signée par l’ancienne présidente Gloria Macapagal-Arroyo, en déclarant chaque quatrième mercredi de Novembre comme le « Gusi Peace Prize Journée internationale de l’amitié ». C’est ainsi que la cérémonie de remise du Gusi Peace Prize aura lieu cette année le 27 Novembre 2013. 
Le prix Gusi de a Paix a été créé en mémoire du défunt père du président actuel, le Capitaine Geminiano Javier Gusi, qui est considéré comme un héros aux Philippines par sa façon dont il a combattu les envahisseurs japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, après quoi il est devenu un défenseur populaire actif des droits de l’homme, faisant de lui un militant respecté des droits de l’homme et philanthrope bien connu. 
Gusi Peace Prize est une fondation de bienfaisance, une institution basée à Manille, aux Philippines, inscrite à la Commission de la Sécurité et des Echanges des Philippines, dont l’objectif principal est de donner une reconnaissance appropriée par l’attribution de prix d’excellence et de distinction à des personnes ou des groupes à travers le monde qui ont se sont distingués comme des exemples brillants de la société ou qui ont contribué à la réalisation de la paix en faisant ressortir le meilleur des idéaux et des valeurs de respect pour la vie et la dignité humaine. 
La liste des lauréats annoncés chaque année est le résultat final d’un long processus de sélection. Le Comité Gusi Philippine fonde son appréciation sur la nomination qui doit être oblitérée au plus tard à la fin de Septembre de chaque année. 
Le Gusi Philippines et les Comités internationaux sont totalement indépendants. Dans l’évaluation de chaque candidature, ils ne reçoivent pas d’instructions ou de directives conformément aux statuts du Prix Gusi Peace. La nomination de chaque lauréat doit être justifiée par le travail pour la paix et au niveau des plus hauts objectifs au bénéfice de l’humanité. 
Pour les critères, tous les candidats doivent être approuvés à l’unanimité par une organisation ou un groupement de personnes qui, sur l’honneur et du fond du cœur, pensent que le candidat est digne d’un tel honneur, faisant de lui, une personne digne de reconnaissance pour sa contribution exemplaire au progrès de l’humanité dans les domaines de la recherche scientifique et la découverte, la médecine et physiologie, chimie, physique, archéologie, architecture, scène et arts visuels, économie, législation et diplomatie, politique, littérature, académie, humanitarisme et philanthropie, religion et environnement. 
La Fondation reçoit plus de 1 000 propositions chaque année – mais le comité de 13 membres, sélectionne rigoureusement que 15. Cette année , il y avait plus de 1 300 propositions, et M. Ferhat Mehenni a été parmi les 15 sélectionnés. 
Parmi les précédents lauréats, l’on peut citer le britanique Bertrand De Speville pour sa lutte contre la corruption, l’ancien président des Seychelles, Sir James R. Mancham, l’ancien président d’Interpol, le canadien Norman Inkster, le sénateur américain Emanuel Jones… 
Selon les organisateurs, assisteront au Prix Gusi de la paix 2013 plus de dix mille personnes, sélectionnées parmi le corps diplomatique, des élus locaux et étrangers, des magnats des affaires, des mondains, des célébrités du cinéma, des philanthropes, des leaders civiques, des éducateurs et d’autres invités de marque des Philippines, d’Asie, d’Europe,d’ Australie, d’Amérique, de Chine, d’Inde et d’Amérique latine. L’événement sera retransmis en direct par satellite depuis les Philippines aux États-Unis, en Europe et ailleurs. 
Agence Siwel
http://en.wikipedia.org/wiki/Gusi_Peace_Prize#Laureates
Gusi Ferhat cu5mr0 Gusi Peace Prize 2013 décerné à Ferhat Mehenni.

Soufiane Djilali : Bouteflika ne croit qu’à la force et la malice | Algérie | D.N.Kabylie

Soufiane Djilali : Bouteflika ne croit qu’à la force et la malice

12 novembre 2013 15:15Vue: 28

Soufiane Djilali candidat aux présidentielles 2014. Photo DR
Soufiane Djilali candidat aux présidentielles 2014. Photo DR
DNK : Au moment ou des partis comme le FLN et le RND annoncent leur soutien à Abdelaziz Bouteflika pour un 4ème mandat avant même sa déclaration de candidature, votre jeune parti Jil Jadid vous présente comme candidat à l’élection présidentielle 2014…
Soufiane Djilali : Oui ! C’est exact. Mais que reste t-il du FLN ou du RND ? Ce sont des coquilles vides de sens. Le pouvoir utilise ces deux partis comme des prolongements de l’exécutif. Le FLN et le RND sont des nids pour opportunistes qui veulent faire carrière à l’ombre du régime. Leur seule ambition est de participer à la rente. Ils n’ont ni programme, ni doctrine ni vision pour l’Algérie. Ces partis sont peuplés d’opportunistes qui n’ont aucun désir de militer au sens noble du terme. Lorsqu’on n’a plus d’idéal, alors on n’a plus aucune motivation pour agir en fonction de ses propres convictions. Aujourd’hui, on en est là. A part quelques partis qui croient en un avenir national, la plupart des partis politiques portent en eux une soif pathologique pour l’argent, les honneurs et la « fakhfakha ». A l’évidence, ce n’est pas avec de tels sentiments que l’on construit les nations !
Vous avez déclaré dans votre discours de candidature que vous ne participerez pas aux élections juste pour faire de la figuration. Pensez-vous que les élections 2014 seront transparentes ?
Les élections de 2014 sont un enjeu capital. Bien sûr que Bouteflika et sa cours n’ont absolument pas l’intention d’aller vers des élections loyales. Pour cela, il aurait fallu que ce pouvoir croit en la démocratie et aux règles du droit. Le Président, lui, ne croit qu’en la force et la malice. Maintenant, aura-t-il les coudées franches pour trafiquer à sa guise comme il en a l’habitude ? C’est là que les choses peuvent lui échapper : il est malade, incapable d’opérer les grandes manœuvres. Son entourage est plein de contradictions. A tout moment, la santé du chef de l’Etat peut le trahir. Par ailleurs, il y a une résistance interne qui se construit. Les partis politiques commencent à sortir de leur léthargie et de leur conditionnement nihiliste. Il y a une nouvelle volonté de se battre. Les Algériens commencent aussi à s’interroger sur l’effet de leur démobilisation. Les boycotts n’ont jamais rien apporté. Le FFS et le RCD qui ont trop souvent appelé à la démission n’ont réussi en fin de compte ni à éveiller les consciences des Algériens, ni à construire un vrai courant démocrate ni à bâtir de bons partis politiques. Bien sûr qu’il y a toutes les manœuvres du pouvoir, mais une part de responsabilité revient à l’opposition. Nous n’avions pas su, jusqu’à présent, proposé au peuple une vraie alternative. Pour revenir à votre question, je pense que les jeux sont encore ouverts. Il est possible que le pouvoir trafique les élections. Mais pour peu que les Algériens participent en masse, et que la communauté internationale ne fasse pas les comités de soutien pour Bouteflika, alors des surprises pourront surgir. Quant à nous, il n’est pas question une seconde de faire de la simple figuration. Je défendrai jusqu’au bout mes idées. Et vu le champ politique aujourd’hui, je suis en droit de croire que tout est possible !
 Vous avez parlé de liberté de conscience et vous avez souligné que la responsabilité du croyant est individuelle. Etes-vous pour la suppression de l’article 2 de la constitution stipulant « l’islam est la religion de l’Etat » ?
Dans mon intervention lors de ma déclaration de candidature, j’ai insisté sur certains aspects de notre religion pour montrer qu’il est tout à fait concevable d’aller vers la sécularisation de l’Etat. Il faut que le musulman accepte qu’autour de lui, il y a des personnes qui n’ont pas la foi. Cela aurait dû être une évidence pour peu que le Coran lui-même soit lu et compris. Il y a un très grand nombre de versets coraniques qui stipulent la liberté de la foi, la non contrainte de la croyance, le respect total des autres religions, la liberté de conscience, la responsabilité individuelle etc… Malheureusement, le Coran a été interprété à travers un filtre de valeurs sociales et anthropologiques qui n’ont plus cours aujourd’hui. Les musulmans doivent réinterpréter leur texte sacré. Pendant des siècles, les hommes de religion se sont permis de mettre en avant, les parties du texte sacré qui les arrangeaient et ont oublié ou même plus grave, ont censuré ce qui ne leur plaisait pas. Savez-vous par exemple qu’environ 500 versets coraniques ont été déclarés « abrogés » alors qu’il n’y a aucun fondement coranique à l’abrogation ? 500 versets sur environ 6000, cela fait pas loin de 10% du texte qui a été annulé! Les dispositions sur les libertés de conscience, sur l’héritage, sur d’autres questions de société ont ainsi fait les frais d’une lecture rétrograde.
L’Islam est très profondément ancré dans l’être et l’âme de l’Algérien. Si vous voulez introduire de vraies réformes de modernisation, vous devez les expliquer en harmonie avez l’Islam et cela est possible. Si vous voulez annuler la spiritualité en général à cause d’une mauvaise interprétation de la religion, alors vous allez créer des problèmes insolubles et insurmontables !
Au lieu de dire, en tant que responsable politique : limitons l’influence de l’islam et ne le considérons pas comme source d’inspiration pour la gestion de notre société, ce qui causera de terribles dégâts, il est bien plus efficace d’expliquer que le Coran laisse libre les humains de croire ou de mécroire et que le jugement des personnes relève du Très Haut et non pas de l’idéologie humaine. Dans ce domaine, je vous assure qu’il est possible de faire des avancées considérables à la société vers une tolérance religieuse sereine, un rééquilibrage des relations en faveur de la femme, une grande ouverture sur les cultures nationales, y compris les langues non arabes.
Enfin, à mon sens, l’islam s’adresse à la conscience des hommes et non pas à des entités abstraites. Seulement, les collectivités peuvent prendre en référence leur religion. L’Islam fait partie intégrante du vécu de l’Algérien. Il ne faut pas par contre que cela soit une porte au totalitarisme religieux. Tout comme celles et ceux qui portent en eux le besoin identitaire y compris par son expression linguistique, il y a celles et ceux qui ne peuvent pas envisager leur vie sans la dimension islamique. Au politique de concilier la vie de tous dans la liberté et le respect. Cela est tout à fait possible !
 Êtes-vous pour l’officialisation de Tamazight ?
Tamazight est notre langue d’origine, à nous tous. Moi, je suis né à Alger dans une famille arabophone. Mais je me considère comme amazigh par mon origine, mon histoire, ma mentalité. En Algérie, il n’y a pas de Saoudiens, de Yéménites ou des Qataris. Nous avons une dimension arabe par notre appartenance à la civilisation arabo musulmane à laquelle nous avons largement contribué. La civilisation arabo-musulman n’appartient pas à l’Arabie Saoudite. Elle appartient à toute une aire géographique à laquelle nous sommes liés par une multitude de liens. L’Afrique du Nord a toujours eu une relation avec la partie orientale de la méditerranée  depuis de longs siècles.

Aujourd’hui, les Algériens sont en pleine prise de conscience de la spécificité de notre identité. La culture amazighe et la langue tamazight sont dans notre patrimoine génétique. Il faut revaloriser ce patrimoine. L’officialisation de tamazight arrivera naturellement. Il faut y aller résolument mais sans précipitations. Il ne faut surtout pas créer des réactions défensives de la part de personnes qui auront mal compris les intentions. Cela compliquera la situation pour rien. Je pense qu’avec un travail politique sérieux et volontaire, on arrivera à cet objectif assez rapidement.

Bouteflika, le pompier pyromane | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie

Relations algéro-marocaines
Du feu pour le pompier Le contentieux avec le voisin marocain n’étant pas nouveau, mais la montée subite des hostilités entre les deux pays n’est pas fortuite. Sinon comment expliquer le choix de la date choisi par Bouteflika d’évoquer le problème du Sahara occidental, alors que tout le monde s’accorde à dire que même les militants du Front Polisario avaient remarqué « une tiédeur » dans la position algérienne depuis 1999 ?
12/11/2013 - 12:56 mis a jour le 12/11/2013 - 13:43 par Amnay At Ifilkou

Rompu aux techniques de manipulations, habitué aux coups bas et nourri au machiavélisme, Bouteflika a, de tout temps, fait de la provocation son sacerdoce et sa ligne de conduite. Il est connu pour être un pyromane et joue, au même temps, le pompier.
La technique est simple. Il provoque des incidents, des incendies et même des tensions meurtrières pour en fin de compte venir en messie arroser les décombres. Combien de ministres confrontés à l’ire des fonctionnaires de leurs départements ont exigé des protestataires de faire appel « au boss » pour dénouer l’affaire. Combien de familles, de malades, de victimes ont été mises dans l’obligation de supplier le chef suprême pour accéder à un droit. Sur tous les fronts, il a fait du pouvoir absolu sa raison d’être, de la ruse son mode d’emploi et de l’intrigue l’essence de son projet.
La confirmation vient, cette fois, de la réaction « spontanée » de la rue algérienne à ce qu’elle a appelé l’agression marocaine contre un symbole du pays, l’emblème algérien. Le fait est en lui-même condamnable, surtout lorsque l’on sait que le jeune marocain de Rabat avait sciemment arraché le drapeau algérien accroché sur le toit de la représentation diplomatique un 1er novembre.
La date est fort symbolique pour les peuples algériens et pas pour autant pour un Bouteflika qui a préféré fuir les combats pour se réfugier à Oujda, ensuite fuir un jugement décidé contre lui par son futur parrain Boumediene, qui a décidé, raconte le Commandant Azeddine, le punir pour sa désertion. Il finira, ajoute le commandant, par être envoyé au Mali, pour soit disant faire dans l’agitation médiatique, selon laquelle l’ALN a ouvert un front au sud. Bouteflika finira par déserter encore une fois, délaissant, au passage, le poste émetteur qui lui a été confié et « dépenser » l’argent de sa mission dans des hôtels d’un pays voisins.
Maladie et rancunes, figé dans ce qui pouvait symboliser pour lui un mode de gouvernance de la fin des années 60, Bouteflika est resté un féru du culte de la personne. Son cas est bien entendu clinique, seuls les psychiatres et autres spécialistes de l’étude des troubles de la personnalité peuvent définir et identifier le mal qui le range de l’intérieur. Ceci pouvait ne pas constituer un propos en politique, mais dès lors que le comportement du patient Bouteflika prend le dessus sur sa gestion des affaires politiques du pays, l’intervention de ces médecins était fortement souhaitée pour éviter à un pays maintenu par la force des baïonnettes toutes les décisions de ce personnage et qui n’ont fait que précipiter la chute du régime.
Autrement dit, il serait opportun pour les décideurs de réduire la contagion qui a fait qu’aujourd’hui, que même une famille de l’Est du pays réclamant le jugement d’un médecin pour erreur médicale ne fasse appel à un « président » qui se soigne dans un hôpital qui recevait, il y a un demi-siècle, les bourreaux des Algériens.
Du feu pour le pompier Le contentieux avec le voisin marocain n’étant pas nouveau, mais la montée subite des hostilités entre les deux pays n’est pas fortuite. Sinon comment expliquer le choix de la date choisi par Bouteflika d’évoquer le problème du Sahara occidental, alors que tout le monde s’accorde à dire que même les militants du Front Polisario avaient remarqué « une tiédeur » dans la position algérienne depuis 1999 ? Ces mêmes militants se rappellent, indiscutablement, que ce même Bouteflika avait signé, devant le roi Hassan II, un document où il reconnaissait la marocanité du Sahara.
Il faut ajouter aussi dans ce contexte qu’en 1985, des généraux algériens avaient appuyé le projet d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara. Donc la soudaine sympathie qu’a trouvé Bouteflika pour le combat du Polisario prête à confusion, et sa condamnation de la répression marocaine dans ces territoires et son non-respect des Droits de l’Homme que Bouteflika avait évoqué dans sa lettre ne sont que l’œuvre d’un pyromane qui, la seule faculté qui lui reste, est de deviner la réaction marocaine.
De ce fait, il provoque une tension avec un pays voisin, et tente de chatouiller ce qui restait d’amour de la patrie chez les Algériens. À Oran, Bechar ou Alger, un mouvement spontané a subitement viré de bord pour quémander un 4e mandat au grabataire à la tête de l’Etat. Il n’est pas fortuit qu’à quelques jours d’un match décisif pour l’Equipe algérienne qui sert, depuis 2009, de fond électoral inestimable pour un président en manque de vision et de perspectives, de laisser passer une si bonne opportunité pour ressouder autour de lui quelques Algériens des administrations et des Mouhafadhas du FLN.
Quel est le lien entre « l’agression » marocaine et un 4e mandat pour un président qui en a fait assez ? La réponse est justement dans la nature de l’homme qui a fait sa carrière dans le chantage, la manipulation et l’intrigue. Et qui sait que la retransmission par la télévision publique de ces rencontres amicales avec quelques personnalités ne rentrent pas dans le cadre de l’agitation précampagne ?
Amnay At Ifilkou

Le mouvement autonomie Chawi appelle à la préservation de TAmazight | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie


Le mouvement autonomie Chawi appelle à la préservation de TAmazight

Farid M. pour Tamurt.info

Pour eux l’enseignement de la langue de Massinissa est un acquis sacré. « Le MAC appelle ses adhérents, ses sympathisants, ainsi que tous les chawis épris et conscients de l’importance de leur patrimoine, à faire barrage à tous ceux qui s’opposent à l’enseignement de notre langue sur notre terre », lit-on dans une déclaration signée par les responsable de ce mouvement.
11/11/2013 - 10:49 mis a jour le 11/11/2013 - 11:31 par Farid M.

Le mouvement pour l’Autonomie de la région Ichawiyen ne veut pas baisser les bras devant les opportunistes qui activent pour saboter l’enseignement de la langue Tamazight dans la région. Les activistes du MAC comptent leur faire barrage par tous les moyens.
Pour eux l’enseignement de la langue de Massinissa est un acquis sacré. « Le MAC appelle ses adhérents, ses sympathisants, ainsi que tous les chawis épris et conscients de l’importance de leur patrimoine, à faire barrage à tous ceux qui s’opposent à l’enseignement de notre langue sur notre terre », lit-on dans une déclaration signée par les responsable de ce mouvement qui ne cesse de gagner du terrain et de sympathie au pays des Chawis. Un appel qui se veut une mise en garde pour les collaborateurs du pouvoir qui veut à tout prix arabiser et Afghaniser toutes les régions Berbérophones de l’Algérie.
« Nous demandons à nos sœurs et à nos frères d’utiliser tous les moyens à leur disposition, d’une manière responsable et juste, pour lutter efficacement contre les ennemis de l’intérieur », appelle le MAC.
Les militants de ce mouvement ne se contentent pas des appels, mais aussi veulent user d’autres moyens pour combattre les ennemis de Tamazight et de la liberté.
Une menace à peine voilée est lancée à l’adresse des arabisants et des opportunistes de tout bord. « Il n’y aura plus aucune impunité pour ceux qui attaquent Tchawit », avertissent les militants du MAC.
Farid M.

| Interview: Hamid Barrada : Maghreb et Israël, des relations "sur la voie de la normalisation" Hamid Barrada Journaliste marocain | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

Hamid Barrada : Maghreb et Israël, des relations "sur la voie de la normalisation"

12/11/2013 à 10:52
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D'après Hamid Barrada, le Maroc est le pays qui prend le plus soin de sa communauté juive. D'après Hamid Barrada, le Maroc est le pays qui prend le plus soin de sa communauté juive. © DR
Pour le coauteur de L'Arabe et le Juif, Éditions Plon, 2004, les relations du Maghreb avec Israël s'apaisent d'elles-mêmes. Bien que toujours cruciale, la question de la Palestine est de moins en moins un point de blocage.
Fruit d'une histoire millénaire mais aussi des derniers bouleversements dans le monde arabe, le regard du Maghreb sur "ses juifs" change, et les relations des États de la région avec Israël aussi. Collaborateur de Jeune Afrique et auteur, avec Guy Sitbon, de L'Arabe et le Juif, Hamid Barrada décrypte les mouvements d'ensemble et les différences de perception à l'oeuvre au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
JEUNE AFRIQUE : Comment les juifs sont-ils perçus au Maghreb aujourd'hui ?
HAMID BARRADA : Le regard des Maghrébins sur les communautés juives et, au-delà, sur Israël, a assurément changé à des degrés variables d'un pays à l'autre. Le Maroc s'est singularisé grâce à Hassan II, qui prêtait une attention toute particulière à "ses juifs". Dans les années 1980, l'ami Guy Sitbon, de retour d'un long séjour aux États-Unis, m'avait raconté que les Américains avaient vaguement entendu parler de la Tunisie [pays d'origine de l'écrivain-journaliste] mais connaissaient parfaitement le Maroc. À cette nuance près : pour eux, c'était un pays juif qui traitait convenablement sa minorité musulmane ! Passablement surpris par sa découverte, Guy voulait savoir combien il restait de juifs au Maroc. Environ 15 000 aujourd'hui si l'on compte large et de 3 000 à 4 000 si l'on compte serré. Parmi eux, André Azoulay, conseiller du roi, Serge Berdugo, président de la communauté juive, Robert Assaraf, cofondateur de l'Union mondiale du judaïsme marocain... C'est d'ailleurs Hassan II, soucieux que les relations avec les juifs marocains dispersés à travers le monde soient le meilleur possible, qui avait inspiré la création de cette union.
>> Lire aussi : Au Maroc, des juifs venus 'Israël prient leurs saints en toute tranquilité
Il convient de rappeler que pendant la Seconde Guerre mondiale, la solidarité avec la communauté juive en proie aux persécutions des autorités du protectorat français avait été exemplaire et que, plus tard, le sultan avait tout fait pour la dissuader de ne pas rejoindre le nouvel État d'Israël. Mais le poids des lobbys, qui poussaient à l'exode, a finalement été décisif. Personne n'a oublié l'attitude du sultan Ben Youssef, le futur Mohammed V, sous le régime de Vichy. Au résident général venu lui annoncer qu'on avait décidé de procéder au recensement des juifs marocains pour leur infliger le port de l'étoile jaune, il avait lancé : "Ajoutez dix-huit !" Pourquoi dix-huit ? Autant que les membres de la famille royale ! L'opération a tourné court.
À la réflexion, cette position peu banale n'est pas pour surprendre : elle est en harmonie avec l'histoire de l'empire chérifien. Depuis le XVe siècle, les mellah sont accolés aux palais pour mieux les protéger, mais aussi, paraît-il, pour que l'on puisse bénéficier de leurs excellents médecins. Hier comme aujourd'hui, le roi est Commandeur des croyants, pas seulement des musulmans, mais aussi des juifs. Enfin, les quelque 600 000 juifs marocains devenus israéliens gardent des attaches fortes avec leur patrie initiale. D'ailleurs, au regard de la loi marocaine, ils conservent leur nationalité et ils sont nombreux à revenir, régulièrement, en pèlerinage pour les fêtes de la Hiloula.
Qu'en est-il dans les autres États du Maghreb ?
C'est la Tunisie qui a traditionnellement la politique la plus proche de celle du Maroc. De Bourguiba à Ben Ali, des relations privilégiées ont été conservées avec la diaspora. Le lobby des Tunes n'a pas perdu de sa vitalité, même après le Printemps arabe. Au contraire. De nombreux intellectuels juifs redécouvrent leur pays et prêtent main-forte aux démocrates laïques. On l'a bien vu lors de la rédaction de la Constitution, à propos de l'article sur la religion de la Tunisie. Ils se sont opposés à toute formulation faisant de l'islam une religion d'État. À ce propos, il est intéressant de noter qu'au Maroc la question de la religion n'a suscité nulle controverse pendant l'élaboration de la nouvelle Constitution. Le texte adopté stipule que "l'islam est la religion de l'État" [article 3], mais dès le préambule, il est mentionné que l'identité marocaine est enrichie par l'affluent hébraïque au même titre que les composantes arabophone-islamique, amazighe, saharienne, etc.
En Libye, Mouammar Kaddafi avait du mal à s'accommoder des relations du Maroc avec Israël. Lorsque Hassan II a reçu Shimon Pérès à Ifrane, en 1986, le traité qui liait depuis deux ans le royaume à la Jamahiriya dans le cadre d'une Union arabo-africaine a été aussitôt abrogé. Hassan II n'avait pas d'autre but. Il avait cherché néanmoins à apaiser le "Guide" en dépêchant auprès de lui son ministre de l'Intérieur, Driss Basri. Avec ce message : "Tu es jaloux, car tu as perdu tes juifs alors que nous avons su garder les nôtres !" On relèvera par la suite diverses opérations de séduction des hommes de Kaddafi en direction de personnalités juives d'origine libyenne installées notamment en Italie...
>> Lire aussi : Juifs et musulmans : trois cas, trois écoles

Hassan II et Shimon Pérès, en 1986 à Ifrane. Cette rencontre
avait jeté un froid entre le Maroc et la Libye. © Nati Harnik/AFP
En revanche, les juifs originaires d'Algérie repliés sur la France métropolitaine après l'indépendance se trouvent dans une situation très complexe. Comme les autres pieds-noirs, ils ont gardé la nostalgie de là-bas mais les blessures de la guerre n'ont pas toutes cicatrisé. En dépit de la politique de réconciliation menée aussi bien par la France que par l'Algérie, les opinions restent crispées des deux côtés de la Méditerranée. Pour preuve, l'affaire Enrico Macias. Il avait été invité par le président Abdelaziz Bouteflika, en 2000, mais son éventuelle venue avait suscité une levée de boucliers. Des responsables de premier plan, comme Abdelaziz Belkhadem [alors ministre des Affaires étrangères], avaient éprouvé le besoin de manifester leur hostilité au "chanteur sioniste". Et le voyage n'a jamais eu lieu. Les efforts de réconciliation se sont poursuivis, mais les gestes sont rares, comme cette poignée de main furtive entre Ehoud Barak [alors Premier ministre israélien] et Bouteflika lors des obsèques de Hassan II, en 1999.
>> Lire aussi : Y a-t-il encore des juifs au Maghreb ?
Quoi de neuf depuis le Printemps arabe ?
Il faut insister d'abord sur une donnée essentielle qui n'a pas fini de produire ses effets. La révolte portait sur les droits de l'homme, tous les droits de l'homme et rien que les droits de l'homme. Une revendication absolue, non négociable. "Dégage !" C'était partout la même exigence, à Tunis, au Caire, à Benghazi... Cette fois-ci, les ressorts classiques, incontournables, de la colère populaire dans le monde arabe - la Palestine, Israël, l'Irak ou l'impérialisme américain - sont totalement absents. Aucun drapeau américain ou israélien n'a été brûlé. Une cible unique : les potentats arabes. Du coup, la question palestinienne n'occupe plus une place aussi centrale dans les préoccupations des peuples arabes. Attention, elle n'a pas disparu : les jeunes qui se sont révoltés contre la tyrannie ne manqueront pas de manifester à la première occasion. La cause palestinienne reste essentielle, mais parmi les autres questions des droits de l'homme.
Quid des rapports avec Israël ?
On a l'impression d'assister à une normalisation rampante, inavouable mais acceptée. Tous les pays arabes ont solennellement reconnu Israël dans ses frontières de 1967. Le Qatar soutient le Hamas et commerce avec Israël. Dans l'opinion aussi, cette normalisation est en marche. Au Maroc, le documentaire du jeune réalisateur Kamal Hachkar, Tinghir-Jérusalem. Les échos du mellah [lire son interview p. 35], qui part à la rencontre des juifs de son village ayant émigré en Israël, a été produit par la chaîne publique 2M. Sa diffusion a suscité quelques remous, provoqués par l'Association de lutte contre la normalisation avec Israël, mais sans réelles conséquences.
Les velléités de normalisation demeurent néanmoins fragiles. Comme l'atteste cette scène vécue par Judas Azuelos, vivant entre Madrid et Paris et qui fut l'ami de Mehdi Ben Barka. Il se trouve un jour à Marrakech, place Jemaa el-Fna, lorsqu'un car déverse un groupe de touristes israéliens bruyants et démonstratifs. Il les observe, surpris, lorsqu'un Marrakchi l'apostrophe par un "shalom" très amical. Judas fait semblant de s'indigner et l'enguirlande en arabe : "Tu n'as pas honte ?" Le quidam change totalement d'attitude : "Excuse-moi mon frère, je croyais que tu en étais, hachak [mot de mépris qui signifie "sauf votre respect" et qu'on prononce lorsqu'on parle du chien, de la femme et du juif]." On passe en un tournemain du "shalom" de bienvenue au "hachak" de rejet et de mépris.

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