Kiev a discrètement renforcé son dispositif militaire dans l’est de l’Ukraine afin de dissuader toute intervention militaire de Moscou dans ces régions secouées par de virulents mouvements sécessionnistes pro-russes.
Les premiers blocs de béton massifs ont fait leur apparition au poste-frontière de Novoazovsk le 16 mars dernier, le jour même où la Crimée votait massivement son rattachement à la Russie. Ironie de l’histoire, certains de ces tétrapodes ramenés à la va-vite pour bloquer la route sont recouverts de peinture à la gloire des tankistes soviétiques de la seconde guerre mondiale.
"Nous sommes prêts à toute éventualité", déclare à FRANCE 24 Igor Lisagoub, capitaine au sein du corps de gardes-frontières ukrainiens. Mais, sans armes lourdes ni renforts militaires, la petite dizaine de soldats postés ici seraient complètement impuissants face à une attaque russe.
"Nous n’avons remarqué aucun mouvement militaire menaçant de l’autre côté de la frontière et la situation est calme pour le moment. Mais depuis deux semaines nous avons intensifié nos contrôles pour empêcher des provocateurs russes de venir participer aux manifestations anti-gouvernementales dans la région", ajoute le capitaine Igor Lisagoub.
Renforcement du dispositif militaire
Il faut s’enfoncer une soixantaine de kilomètres plus en profondeur pour rencontrer les premiers vrais renforts militaires ukrainiens. Près du village d’Anadol, des dizaines de soldats bien équipés sont en train de creuser une tranchée autour de leur camp. Un tank léger déployé à l’entrée de la base permet à ces renforts venus de Dnipropetrovsk, grande ville située entre Kiev et Donetsk, de disposer d’un minimum de puissance de feu.
"Les habitants du village de Mitchourino ont été réveillés à 4 heures du matin par le passage d’un convoi de soldats qui parlaient ukrainiens. Il y avait une vingtaine de véhicules de transport de troupes et quelques tanks", raconte à FRANCE 24 Radion, électricien et responsable local d’une association de chasseurs.
Entre résignation et hostilité
Hormis quelques pro-Ukraine venus de Donetsk, le déploiement des troupes ukrainiennes est accueilli avec un mélange de résignation et d’hostilité dans cette région où les hommes politiques de Kiev - tous bords confondus - sont largement considérés comme corrompus. Radion évoque ainsi une manifestation spontanée de plus d’une centaine d’habitants locaux pour bloquer la route à un convoi militaire ukrainien.
"La population ici est loyale mais nous n’aimons pas cette politique de confrontation stupide, dont Kiev est responsable à 100 %", affirme Radion, dont le frère vit à une cinquantaine de kilomètres de l’autre côté de la frontière russe. "En fait, les nouvelles autorités de Kiev ont juste peur que la Russie prenne ce territoire car elles ne pourraient continuer à voler que dans l’ouest du pays".
Les gardes-frontières ukrainiens affirment n’avoir eu aucun rapport concernant d’éventuels mouvements militaires hostiles du côté russe.
© Mehdi Chebil / FRANCE 24
Igor, soldat ukrainien originaire de Dnipropetrovsk, espère toujours qu’une solution politique pourra éviter une guerre fratricide entre l’Ukraine et la Russie.
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Des dizaines de soldats ukrainiens creusent des tranchées et préparent des fortifications autour de ce camp militaire situé à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec la Russie.
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Vladislav (à droite), juriste à Donetsk, est venu soutenir ces renforts militaires ukrainiens en apportant de la nourriture aux soldats.
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Un tank léger à l’entrée du camp militaire d’Anadol. Peu d’armes lourdes sont visibles côté ukrainien.
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Radion, électricien tatar, blâme les nouvelles autorités de Kiev – et notamment leur projet avorté de supprimer le statut du russe comme langue officielle - pour la brusque montée de tensions à la frontière russo-ukrainienne.
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Les contrôles ont été renforcés au poste-frontière de Novoazovsk pour empêcher des nationalistes russes de venir participer aux manifestations pro-sécessionnistes de Donetsk.
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Igor Lisagoub, capitaine des gardes-frontières ukrainiens, affirme que la situation à Novoazovsk est "normale" malgré les préparatifs militaires en cours dans la région.
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Une famille ukrainienne passe la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Kiev a menacé de rétablir un régime de visa obligatoire entre les deux pays pour protester contre l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie.
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Des tétrapodes recouverts de peintures célébrant les exploits de la guerre soviétique lors de la seconde guerre mondiale sont visibles au poste-frontière de Novoazovsk.
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Les gardes-frontières ukrainiens affirment n’avoir eu aucun rapport concernant d’éventuels mouvements militaires hostiles du côté russe.
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Igor, soldat ukrainien originaire de Dnipropetrovsk, espère toujours qu’une solution politique pourra éviter une guerre fratricide entre l’Ukraine et la Russie.
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