samedi 2 novembre 2013

Issoukane : un petit village, de grands hommes | Kabyle.com

Issoukane : un petit village, de grands hommes

Une fois encore et à l’image de beaucoup de village kabyles, Issoukane, un petit village de la Kabylie maritime imposant en amont de la célèbre baie Tamda Ouguemoun, s’invite dans  le registre révolutionnaire par l’inauguration d’une stèle à la mémoire de ses vingt-deux martyrs. Pour rappel, les Iflissen Levhar ont connu les pires atrocités durant la guerre de libération nationale où plus d’une dizaine de casernements militaires étaient érigés pour quadriller une population ne dépassant pas quelques milliers de citoyens à l’époque.
Les habitants d’Iflissen levhar ont vécu le martyre plus que toutes les autres régions. On raconte que la fameuse opération l’oiseau bleu, pensée et fomentée par le sinistre Robert Lacoste pour infiltrer les maquis kabyles, était destinée exclusivement  à cette région insoumise et sourde aux appels de pacification de l’armée française.  « La belle de la partie du jeu meurtrier de la quatrième armée du monde s’est jouée ici à Iflissen. Beaucoup de vies ont arrosé ce sol  martyrisé de leur sang  »  s’exclame un vieux maquisard local.
En ce premier novembre 2013, journée commémorative et du recueillement, le village est drapé des couleurs nationales sur le long du chemin qui mène au village. Des femmes en tenues traditionnelles vont et viennent dans tous les sens, donnant plus de couleur et de joie à l’ambiante journée du souvenir.


A l’entrée du village, la  stèle est érigée pour immortaliser les noms des vingt-deux martyrs, dignes fils que ce petit village à donné comme viatique à la révolution de la Toussaint. « A l’image de feu Moh Arezki Medjiba dont tous les présents ont loué les mérites et la bravoure hors normes, les autres martyrs se sont tous  sacrifiés pour que vive libre ce pays si cher »  nous dit un vieux du village ayant connu les affres de la guerre.
La place est noire de monde dés les premières heures de la journée et les organisateurs, sourires aux lèvres,  s’affairent sans discontinuer à organiser tout ce flux de citoyens qui arrivent des quatre coins de la wilaya III historique. Beaucoup de compagnons d’armes se sont retrouvés  en  cette occasion. A onze heures, une marche silencieuse est organisée, venant de la place du village vers la stèle. Avec à sa tête les autorités locales, la marche s’est ébranlée sur quelques centaines de mètres donnant à la journée un cachet populaire.  Le chef de la sous-préfecture de Tigzirt, le maire de la commune et les élus locaux, un représentant de l’APW de Tizi Ouzou, les responsables des secteurs sécuritaires locaux ont tous participé à cette marche pour la mémoire.

Arrivée devant la stèle,  la foule a écouté avec  émotions l’hymne national pendant que deux jeunes du village hissent le drapeau vers le ciel. Sitôt le drapeau accroché, des youyous stridents fusèrent  du carré des femmes. Une gerbe de fleurs est déposée pour la circonstance.  S’ensuit une remise de cadeaux aux familles des victimes avec des applaudissements et des larmes de joies.
«  Vous citoyens du village Issoukane, vous les citoyens des Iflissen,  vous nous avez impressionné par votre sens de l’organisation et de l’hospitalité. Vous êtes exemplaires et notre présence parmi vous est une preuve de reconnaissance. Les morts que vous honorez aujourd’hui sont fiers de vous, surement » lança le chef de la sous-préfecture de Tigzirt tout ému.

Depuis la matinée, une imposante sono diffuse des chants patriotiques qui se perdent jusqu’aux crêtes lointaines d’Agouni Ouzidoudh à quelques enjambées de là où s’est déroulée en 1957, une terrible bataille entre les unités de l’ALN et des  bataillons de l’armée française. Le bilan, après trois jours d’intenses combats, était terrifiant.  Des dizaines de morts et de blessés étaient enregistrées dans les deux camps.
« La région des Iflissen a payé un lourd tribut en vie humaine pour que vive l’Algérie indépendante et qu’avons-nous aujourd’hui ? Rien,  s’indigne un autre ancien combattant avec dépit.
A midi passée, pour terminer en apothéose, l’assistance est conviée à un couscous en plein air.

Benamghar Rabah

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