mercredi 5 février 2014

Peine capitale à l’encontre des ravisseurs et assassins du jeune Ali Lacek d'Ath Douala | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie

Tribunal criminel de Tizi-Ouzou :
Le rapport d’autopsie relève que le coup mortel a été donné à l’aide d’un objet tranchant du côté droit du cou et la plaie engendrée était de quatre (04) centimètres. Le rapport d’autopsie précise même que la mort était causée par égorgement
04/02/2014 - 11:08 mis a jour le 04/02/2014 - 13:43 par Saïd Tissegouine
Le long feuilleton ayant trait à l’enlèvement suivi de l’assassinat du jeune Ali Lacek de Ath Douala connaît enfin son épilogue. En effet, le tribunal criminel de Tizi-Ouzou a examiné et étudié hier cette affaire. Il étaient six accusés à la barre, en l’occurrence Mourad B. et son frère Salah, Khaled F., Lounès B., Ramdane B. et Abdennour B. . Les mis en cause étaient sous mandat de dépôt (en prison) depuis neuf mois.
Selon l’arrêt de renvoi, les faits de cette tragique histoire remontent au 22 février 20I3 et ont eu pour théâtre Naciria (Boumerdès). Ce jour-là, Mourad B., à bord du véhicule de son frère Salah, s’est déplacé jusqu’à Ath Aïssi où il a réussi à faire monter à bord de sa voiture la victime pour prendre ensuite la direction de Naciria. La destination finale, une bâtisse en construction et non encore habitable. Au cours de cette même journée, la victime (Ali Lacek) et dans ce lieu, loin des regards, connaîtra une fin horrible. Après une beuverie où honneur a été rendu à Bacchus, feu Ali Lacek subira d’abord un sévisse sexuel avant de recevoir un coup de couteau mortel. Et avant cette agression sexuelle, le ou les agresseurs ont pris le soin de lier les mains de leur victime derrière le dos.
Le rapport d’autopsie relève que le coup mortel a été donné à l’aide d’un objet tranchant du côté droit du cou et la plaie engendrée était de quatre (04) centimètres. Le rapport d’autopsie précise même que la mort était causée par égorgement.
Le document portant arrêt de renvoi note également qu’après la mort constatée, le cadavre sera enveloppé dans un sac avant d’être jeté dans un puits non loin du lieu du crime. La distance séparant le puits et la maison en construction, lieu où aurait commis le crime est d’environ cent mètres. C’est ce qu’a déclaré en tant que témoin le propriétaire du puits, Hocine Fodhil. Quant à la dimension du puits, son propriétaire a informé le tribunal qu’il était de six mètres de profondeur environ et un mètre de hauteur concernant la margelle.
Ce même témoin notera également que vers la mi-avril 20I3 – selon les calculs de la défense qui se feront plus tard, c’était exactement le I4 avril- il a procédé à l’arrosage de son verger à partir de ce puits et l’eau était claire. Ce ne sera pas le cas plus tard, soit le jour où il y a eu la découverte du cadavre. Ce détail suscitera aussi quelque doute sur la date exacte où le cadavre a été jeté dans le puits. Même les accusés n’apporteront pas un éclairage.
Le transport du cadavre sera effectué à bord d’une voiture, une Peugeot 307 qui appartenait à l’accusé Ramdane B.. Il sera trouvé du sang de la victime à bord de cette voiture. La découverte macabre sera faite le Ier mai 20I3, soit deux mois et neuf jours après l’assassinat. Le corps était dans un état de putréfaction. Pour quel motif exact Mourad B. s’est déplacé de Naciria jusqu’à Ath Douala pour chercher sa victime et l’emmener jusqu’au lieu du crime ? Qui a lié les mains de la victime derrière le dos ? Qui a abusé sexuellement d’elle et qui a donné le coup mortel ? Quel était le rôle exact de chacun des six mis en cause ? Ce sont toutes ces questions que le tribunal criminel a étudiées pour trouver les réponses justes car c’est- base de celle-ci que justice allait être faite.
A noter que durant l’instruction, Lounès B. a reconnu avoir abusé sexuellement de la victime. A la barre, Mourad B. a déclaré que lui seul était responsable de l’enlèvement et l’assassinat de Ali Lacek. Quant au viol sexuel, il a reconnu n’avoir été pour rien. Erreur de sa part car si ce n’était pas lui l’auteur de l’agression sexuelle, il fournissait là la preuve qu’il n’était pas seul à commettre le crime. Quoi qu’il en soit, quand vint le tour de Lounès B. de faire face au juge, il nia être l’auteur de l’abus sexuel. Toutefois, les témoignages Mourad B. et Abdennour B. indiqueront que c’est lui Lounès B. qui a commis le crime sexuel. Les témoignages suivants indiqueront encore que même le coup de couteau mortel a été donné par Lounès B..
Khaled F. a déclaré n’avoir absolument rien à faire dans cette histoire et qu’il ne connaissait ni ses co-accusés ni la victime. Salah B., frère de Mourad, principal accusé, a déclaré pour sa part que certes, il remettait souvent les clefs de sa voiture à son frère mais était loin de se douter de cette macabre affaire.
Lors des plaidoiries, les avocats de la partie civile, en l’occurrence M° Aït-Mimoun et M° Boubchir, ont développé la thèse selon laquelle qu’un homme seul n’aurait pas pu réussir à ligoter et maîtriser la victime car celle-ci était de forte corpulence. Idem concernant le transport de son cadavre jusqu’au puits. Pour la partie civile donc, il y a eu association d’individus et le crime a fait l’objet d’une longue planification.
Le réquisitoire du représentant du ministère public s’est situé sur cette même trajectoire. En effet, l’avocat général a « démontré l’association des accusés », le mobile du kidnapping suivi de l’assassinat et, par conséquent, la planification de l’opération criminelle. C’est pourquoi, il a requis la peine capitale pour Mourad B., Lounès B., Khaled F., et Abdennour B., et ce en conformité avec les articles 254, 255, 256 et 26I du code pénal.
Pour les accusés Salah B. et Ramdane B., il a requis contre eux une peine de 5ans de prison et une amende de I00.000, DA chacun, et ce en vertu de l’article I8I du code pénal punissant la non dénonciation de crime.
La défense a quant à elle tenté de mettre en avant le climat d’insécurité où le crime est banalisé et des failles observées dans l’enquête préliminaire. Pour les avocats des mis en cause, aucune preuve concrète n’existe sur la date exacte où le cadavre de la victime a été jeté dans le puits ni sur le rôle de tout un chacun. Même la thèse d’un crime planifié a été « exclue ». « L’objectif initial était de kidnapper la victime pour demander la rançon. Et le crime de sang est, par conséquent, à considérer comme un homicide involontaire lequel a été provoqué par la partie de beuverie », a plaidé la défense qui a demandé des circonstances atténuantes pour ses mandants.
Après un long moment de délibérations, le tribunal rendit son verdict. Peine capitale pour Mourad B., Khaled F. ; Lounès B. et Abdennour B.. Une peine d’un an de prison ferme pour Salah B. et une amende de 20.000, 00 DA à l’endroit de ces accusés reconnus coupables. Quant à Ramdane B., il a été acquitté.
Addenda : Un rassemblement citoyen a été tenu devant la cour durant toute la durée du procès. Et par solidarité, le président du MAK, Bouaziz Aït-Chebib, et d’autres militants, à l’instar de Boussaâd Bechad et Mourad Imache se sont mêlés aux manifestants. Par ailleurs, un dispositif sécuritaire impressionnant a été pris aussi bien devant la cour qu’à l’intérieur du tribunal. Jamais procès n’ a suscité autant de présence policière que celui d’hier. Toutefois, aussi bien concernant la manifestation populaire que le procès, le calme et la plénitude ont été au rendez-vous.

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