- L'AFP qui a le devoir d'informer les français décide enfin de parler de la répression en Kabylie et de la marche du MAK, en prenant le soin d'insister que la Kabylie est algérienne, et que le nombre des marcheurs qui a dépassé les 100 000 personnes est réduit à 2000.
- L'AFP à fait un grand effort d'évoquer une banderole sur laquelle est inscrit "Pour le droit à l'autodétermination de la Kabylie" Néanmoins Nous constatons que l'AFP est passé du black out totale à l'orientation de l'information.
- Nous ne demandons pas à l'AFP de nous soutenir, nous lui demandons de faire son travail et d'arrêter de pervertir la vérité comme elle le fait dans l'Azawad à travers son correspondant Serge Daniel.
- Mais qui est Serge Daniel pour décider de ce que 65 millions de français doivent savoir ou pas? Comme si les français étaient des enfants aux-quels on doit choisir avec délicatesse ce qui est bon ou pas de savoir.
- Le mépris de l'AFP pour les français n'a l'air de déranger ni les journalistes, ni la classe politique française, ni les associations, ni les intellectuels.
- Mais de quoi ont-ils peur toutes ces gens là? qu'est ce qui leur fait peur au point de sacrifier l'éthique et la déontologie, au point de mépriser leur propre citoyens?
Kamel Daoud
Le chroniqueur l’avait déjà écrit un jour: les deux plus grands partis politiques dans le monde dit « arabe» sont le Halal et le Haram. Tout le reste est fiction, désormais. Deux colonnes, deux mondes, deux univers et de deux cosmos et rien de plus. Curieusement, la liste Halal focalise sur la nourriture : égorgée, assommée, mâchée, écrasée ou empoissonnée. Le centre du halal n’est pas le bonheur mais la viande. On y parle de ce qui entre dans l’estomac et pas de ce que fabrique la main. Le halal est gastronomique, alimentaire, du stade oral collectif. Il ne partage pas la nourriture entre ce qu’on produit et ce qu’on achète, mais entre ce qu’on égorge et ce qu’on assomme. Halal est une carte, un menu, un caprice, un repli, un tracé de frontière, une affirmation du rite, pas une mesure du poids.
En face le Haram. L’autre monde. Celui de l’empiétement, de la transgression et de l’Altérité refusée. Ceci en définition. La liste des Harams (interdits), dans le texte du Coran, est très courte. Mais la liste Haram, dans la bouche des « Arabes » désœuvrés, est infinie et s’allonge chaque jour, cheikh après cheikh : on y parle de vin, de sanglier mais aussi du corps, de la cuisse, du bonheur, de la danse, du rire, de la joie, de l’Autre. C’est une façon de refuser l’autre, ses rites, calendrier, manières de table, vêtement, fêtes et noces. Dans les faits, Halal/Haram est un tracé de frontière. Ce sont les deux pôles de la terre sacrée, plate mais arrondie. On parle de la viande halal en Occident et de Boko Haram au Nigeria. Au Nord on ne veut pas manger la viande assommée et au Sud on assomme la viande de l’Occidental. Le mouton n’est pas halal s’il n’est pas égorgé et l’Occidental n’est pas Haram à égorger. Tout est dans l’usage du corps, du cadavre, de la viande. La liste des produits halal s’allonge en Occident et la liste des produits haram s’allonge dans la planète d’Allah. Le halal est un fion commercial en Occident. Le haram est une intolérance, une différence, chez nous. Le halal est un investissement confessionnel chez les spécialistes du commerce.
Le haram est chez nous dicté par n’importe qui, enfant du temps que l’on perd, signe extérieur de repli intérieur, affirmation du refus par l’exclusion et l’amputation. La liste des produits, faits, gestes et mets haram est plus longue dans la bouche du musulman que dans la parole de Dieu qui s’est contenté de quelques produits sur l’étalage de la création.
En plus secret, Halal concerne l’alimentaire, comme dit plus haut. Et le Haram concerne en gros la joie, l’ivresse, le plaisir, le désir. L’un est à l’affût de la viande et l’autre de la chair. Le Halal est un commerce et le Haram un refus de commercer avec l’humanité et ses cultures. Les deux catégories marquent aujourd’hui les objets du monde, les nuances du plaisir, les produits, les tons et les arômes, les corps et les danses, les pays et les peuples. Tout le reste s’est effondré de ce que nous avons arraché à l’Occident comme modernité après ses douteuses décolonisations. Dans le vaste désert que l’on promène et que l’on propose, il n’y a rien que l’infini et le tracé d’une ligne unique entre deux mondes et deux façons. Le monde binaire des «Arabes» : Halal/Haram. Zéro et un. Au choix. Mais sans aboutissement, ni saut informatique.
Juste une binarisation, en attendant la fin du monde qui, en vérité, est déjà fini. Une longue conversation maladive entre un homme qui recule et un désert qui avance. Et qui aujourd’hui pénètre nos familles, nos jours, nos mets, nos gestes et nos vies avec son mauvais sable.