mardi 12 novembre 2013

Aux bradeurs de l’identité amazighe Par: Moha Mokhlis | Contributions | D.N.Kabylie

Aux bradeurs de l’identité amazighe
Par: Moha Mokhlis

12 novembre 2013 20:17
Moha Mokhlis. Photo DR
Moha Mokhlis, militant amazigh et journaliste marocain. Photo DR



L’idée de m’adresser à vous, vous interpeller, m’a toujours tenté. Le moment est venu de vous inviter à partir « cultiver votre jardin » – pour parodier Voltaire auquel je demande de m’excuser, à titre posthume, pour avoir osé cette analogie disproportionnée. Ecoeuré par la veulerie de vos actes et la bassesse de vos desseins. Vous reprochez à vos aînés qui ont évolué dans une ambiance d’hostilité anti amazighe générale d’avoir bradés notre identité pour nous leurrer et mieux fomenter vos desseins macabres. Vous voilà, à présent démasqués. J’espère en vous interpellant par ce modeste écrit qui vous est destiné spécialement, avoir exprimé ce que la majorité des amazighs pense tout bas. Je voudrais tout de suite vous rassurer : je n’éprouve aucun sentiment de haine ou de vengeance envers vous. Vous m’inspirez plutôt la pitié. La grandeur des valeurs amazighes me dissuade de nourrir des sentiments de mépris à votre égard. Vous vous inscrivez dans la perspective de la volaille qui picore dans un tas d’immondices pour rassasier son instinct de survie. Des bousiers qui roulent continuellement leurs boules. Je m’inscris dans la vision des aigles des hauteurs qui me permet d’avoir une vue d’ensemble, transcender les détails et cerner la problématique dans sa globalité.
Le jeu cynique que vous pratiquez avec excellence ne peut durer éternellement. Vos masques flasques commencent à tomber, partir en lambeaux. Votre paternalisme despotique et désuet hérité d’une idéologie périmée nous fait sourire. Vous êtes dépassés. Des démagogues en péril. Figés sur des positions ringardes et caduques que vous prenez pour une sagesse. Ridicule satisfaction de salon. Imazighen vous pardonneront. Et vous épargneront des procès humiliants.
Du fait que vous avez toujours prétendu nous « civiliser » par des valeurs barbares, du fait que vous déclarez faire partie de nous, nous fermerons les yeux sur le mal que vous avez causé, les dégâts que vous avez provoqués, l’hypocrisie que vous incarnez et votre machiavélisme fallacieux. Les tords que vous avez faits à notre combat amazigh sont gravés dans nos chaires, lacérées par tant de blessures, d’injustices et d’humiliations. Vous êtes des petits nains dont l’ego est chatouillé par un pouvoir illusoire que vos responsabilités de valets vous confèrent. L’histoire témoigne et témoignera. Vous avez joué votre rôle d’esclave au service de vos seigneurs et d’un pouvoir manipulateur et liberticide.
Partez, et laissez le mouvement amazigh continuer son chemin vers des lendemains meilleurs. La relève est assurée. Les générations montantes vous donnent des leçons d’engagement. Vous n’avez qu’assez cassé et vous devez avoir honte et être rongés de remords pour avoir collaboré avec le despotisme contre vos parents, vos frères et vos tribus morcelés par des décisions sécuritaires, perverties par une administration et une bureaucratie qui naviguent à vue. Des responsables « cow boys » qui administrent nos villages comme des territoires conquis. Nous ne pouvons pas nous entendre. Notre appel au dialogue bute contre votre monologue éternel et tragique, votre mentalité de « scribouillards » qui cultivent les ambiguïtés et les amalgames. Nous revendiquons un dialogue et vous continuez à théâtraliser votre monologue stérile. Cessez de prendre les vessies pour des lanternes. Le monde a chargé et vous restez accrochés à des fantasmes morbides. Vous rêvassez. Vous délirez.
Je m’abstiendrai de citer vos noms et prénoms. N’ayez pas peur. Le moment viendra où ils seront dévoilés au grand jour. Votre parcours de « militant » qui vous permet de marchander notre cause, celle d’un peuple qui souffre le martyr, sera dévoilé. Vos prouesses politiques seront connues. Votre jeu vous a piégé. L’Histoire vous a rattrapés. Le mouvement amazigh est serein. Vous avez brouté sur son dos comme des prédateurs, comme des charognards. Vous avez négocié sur son dos pour des miettes. Les mondanités vous fascinent. Les feux des projecteurs vous attirent comme des libellules mues par l’instinct du suicide volontaire.
Partez et emportez votre butin. Vous êtes la négation de l’essence de timmouzgha. Qu’avez-vous gagné en plantant vos dents de vampire dans la chair des militants du mouvement amazigh ? Votre proxénétisme renforce notre éveil et notre détermination de continuer notre lutte, vivre debout. Les mères des détenus politiques amazighes sont étranglées de chagrin. Des Aït Merghad, des Aït Khebbach, des Aït Ihya, des Ait Sedrat, des Aît Baamran, des Aït Atta, des Igzennayen, des Ait Weryaghl, des Ait…. Elles sont accablées. Les mères des détenus. Vous déshonorez la mémoire de la résistance amazighe dont vous réclamer frauduleusement la paternité occasionnellement.
Aussi vous prierais-je de partir, disparaître et laisser pousser l’herbe sur cette terre amazighe que vous avez asséchée par vos razzias. Vos mensonges énormissimes. Par votre cupidité de sauterelles du désert qui ravagent la nature et ses plantes. Par votre culture aride et productrice de frustrations et de mépris pour les Autres. Une culture moribonde qui enfante la terreur et la servitude. Une culture qui cultive les amalgames et les ambiguïtés. Une culture gouvernée par l’incompétence endémique, les feux d’artifices sans lendemains, la haine des Autres, l’ostracisme, la ségrégation théologique et métaphysique. Laisser nous admirer les étoiles qui brillent dans notre ciel amazigh. La beauté de nos vallées enclavées, de nos rivières et de nos sources millénaires qui nous abreuvent de sagesse et de stoïcisme. Nous sommes un peuple ancré dans l’histoire et la civilisation mondiale. A quoi bon continuer à nous faire saigner, après tant de malheurs dont vous êtes les artisans émérites et « chevronnés ».
Seuls, n’est-ce pas, les grands actes font les grands hommes. Et à cet égard, votre départ sera, certainement, votre plus beau chef d’œuvre historique. Ne ratez pas cette occasion pour vous racheter dignement. C’est le meilleur service que vous puissiez rendre à la nation amazighe et à sa patrie meurtrie. Laissez nous choisir notre destin, notre futur, nos croyances, notre mode de vie, vivre et goûter à la liberté pour laquelle nos parents ont sacrifié leur vie. Des milliers de vie. La liberté qui fonde notre essence d’amazigh et guide notre existence. Nous pouvons nous passer de votre tutelle. Pendant que les vôtres fomentaient des intrigues, des stratagèmes et des conjurations contre la résistance amazighe, nous avons pris des armes pour lutter. Vous êtes des mercenaires au service du colonisateur. Epargnez nous vos discours fallacieux et votre rhétorique arabe stérile. Personne ne peut plus vous croire. Vous avez défiguré le visage de notre patrie et souillé son honneur. L’avenir est de notre côté. La justice et l’équité aussi.
Faites un effort. Laissez les amazighs bannir l’arbitraire et la ségrégation qui constituent les piliers de votre système inique ; laissez-les reconquérir leur dignité, même si ce mot ne signifie plus rien pour vous. Habitués au ventre platisme et disposés à baisser vos pantalons. Assumez, une fois n’est pas coutume, la responsabilité morale du désastre culturel, social, économique, politique et identitaire que vous avez fomenté, planifié et provoqué par vos politiques sectaires et votre vision étriquée de la réalité. Le peuple amazigh refuse d’être traité comme un butin de guerre ou un fonds de commerce à négocier. Il n’a qu’assez servi de chaire à canon, pour des causes qui ne sont pas les siennes. Des causes pour lesquelles vous avez dédiée votre vie d’apatrides et d’aliénés avant de vous « convertir », brusquement, à l’amazighité, devenue, à vos yeux, un « créneau » porteur.
Nous fermerons les yeux : emportez vos valises de devises, vos impostures, vos matraques, vos gourdins et vos trucs à falsifier les élections. La démocratie amazighe ne peut s’accommoder de la pègre de votre espèce. Et des voyous de votre acabit. Vous êtes la négation suprême des valeurs amazighes. Partez pour que nous puissions respirer l’air frais de nos plaines et de nos montagnes amazighes que vos mensonges, votre hypocrisie et vos amalgames ont polluées. Ne craignez rien, nous vous pardonnerons même si vous vous croyez au dessus de toutes les nations, en l’occurrence du peuple amazigh, si généreux et si tolérant. Même si vous avez perverti nos valeurs, affamé des millions de citoyens, dilapidé les deniers publics, assoiffé nos tribus, bordélisé nos villages, clochardisés nos communautés, corrompu notre mode de vie, malmené notre sagesse, nargué nos traditions millénaires, traqué et falsifié notre histoire, bombardé nos villages, interdit nos prénoms, assassiné nos héros, réprimé nos activistes culturelles, chargé contre nos sit-in pacifiques, humilié nos parents, emprisonnés nos militants, parasités nos institutions, abruti nos enfants, bradé nos richesses, pollué nos repères pour leur substituer des comportements bédouins, arabes, archaïques et obsolètes. Pour leur substituer une culture arabe primitive, barbare, qui fait l’apologie de la pédophilie, de la sodomie, de la misogynie, du fanatisme, de l’extrémisme, de la barbarie et du terrorisme. Une culture arriérée, bouchée, xénophobe, intolérante, antisémite et productrice de frustrations, d’injustices, de népotisme, de dictature et de terreur.
Partez et nous jurons sur la tombe de Zayd Ou Hmad, de Assou Ou Baslam, de Moha Ou Saïd, de Moha Azayyi, que vous avez vendus pour des agréments et des postes de supplétifs, que les corrompus que vous êtes ne seront pas dépossédés des bénéfices de leur rapine. Connaissez-vous Gandhi ? Non, vous ne savez rien. Ce n’est pas surprenant ! Vous lui préférez les sanguinaires que sont les Oqba et Othman ou les sclérosés tels les Banu Taimmiya et autres Banu Hanbal qui sont l’incarnation de la tyrannie et de la théocratie esclavagistes. Gandhi est un monument universel qui disait qu’il faut laisser une ouverture au voleur pour qu’il puisse s’en aller. S’enfuir. Nous vous laissons donc cette lucarne pour déguerpir comme un démon qui quitte le corps meurtri d’un possédé. Nous sommes un peuple pacifique ; foncièrement anti violent. Un peuple fier, qui plonge ses racines dans les plus hautes antiquités. On ne vous demande pas de lire ni Gandhi, ni Voltaire, ni Mammeri, ni Kateb Yacine. A l’impossible nul n’est tenu. N’est-ce pas ? Le seul domaine où vous excellez est celui de la veulerie, du mensonge, de la répression, de la torture et de la corruption. Comment demander à un arabocrane monolingue et dont le crâne, justement, a été bourré de culture arabe de lire Montesquieu ou Tocqueville ? Pourtant vote analphabétisme n’est pas un défaut. C’est une maladie qui se soigne. Mais vous souffrez d’une maladie endémique et incurable : l’arabo-baâthisme. Un cancer contagieux qui se nourrie de vos fantasmes arabes.
Non messieurs, vous n’êtes pas la quintessence de ce que notre patrie amazighe a enfanté. Vous êtes des traîtres. Des collaborateurs. Des saboteurs. Des fossoyeurs. Un conglomérat de profiteurs et d’arrivistes. Vous symbolisez la décadence, la négation de la civilisation humaine et universelle. Vous êtes les promoteurs des théories nazies et fascisantes. De l’immobilisme qui mène vers la mort. La décadence et la déconfiture. Le fanatisme et le terrorisme.
Regardez notre peuple que votre veulerie et vos valeurs métaphysiques et théocratiques ont entraîné vers l’esclavagisme, la misère et le sous développement. Interrogez les militants du Mouvement Amazigh, si jeunes, qui portent toujours les tatouages indélébiles qui entaillent leurs corps desséchés par votre torture et vos traitements dégradants et inhumains, à Sidi Saïd, Errachidia, Boumal n Dadess, Houssima, Ifni et Warzazat. Vous vous êtes hissés au sommet de la pyramide en grimpant pas dessus des centaines de cadavres. Vous arrive-t-il de frissonner en souvenir des cris aigus qui jaillissent des gorges de vos suppliciés. Arrivez-vous à dormir ?
Partez, et nous vous pardonnerons vos lâchetés et votre stupidité. Nous n’irons pas cracher sur vos tombes. Le peuple amazigh n’attend rien des mercenaires comme vous, équipés de mensonges et de démagogie. Pour que règne dans notre patrie la culture de la responsabilité qui mettra fin à vos bricolages historiques, à votre négationnisme et à vos pratiques abjectes charriées par quarante années d’un système inique.
Voyez le sort du potentat arabe de Bagdad avili et humilié. Regardez ce qu’est devenue son image de « héros » de la « nation arabe » brodée durant des années de règne sans partage ! Ceci devrait vous inciter, au moins, à réfléchir, même si ce n’est pas de vos habitudes de cogiter. Méditez l’aventure criminelle du général Augusto Pinochet. Souvenez-vous de Milosevic, de Mobutu, de Bokassa, d’Eyadema, Kadhafi, Ben Ali, de Taylor et du sort qui attend El Béchir. L’histoire témoigne. Elle vous demandera des comptes. Vous avez intérêt à déguerpir ! Tant qu’il est encore temps.


Lu sur le mur de Moha Mokhlis, un militant amazigh et journaliste marocain

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